Photo : Riad Par A. Lemili Prévisibles retombées que celles générées par les performances de la sélection nationale de football sur l'ensemble du sport national. Il y a lieu de ouligner en effet que, dans la foulée de cette dernière, les protégés de Bouchekriou ont déployé des efforts colossaux pour essayer de calquer leur pas sur celui des camarades de Gaouaoui. A ce jeu, ils n'avaient en réalité rien à prouver compte tenu de la réputation internationale mais aussi de la consistance du almarès dont est auréolée la sélection nationale de handball. Pourtant, c'est au-delà des seuls résultats acquis sur le terrain que la sélection nationale de football a créés autour d'elle auprès des inconditionnels mais plutôt d'une dynamique au milieu même des masses populaires, pour ne pas dire le peuple dans sa majorité. Il est vrai que la dynamique en question est venue tel un exutoire édulcorer un mal de vivre des jeunes, autorisant des espoirs, si ténus ourraient-ils être, en des lendemains meilleurs même si la magie qui a duré tout au long des phases éliminatoires n'était qu'une magie du moment. De cette ambiance, aucun sportif ne peut se départir d'autant que, au-delà de la communion générale partagée avec le public, c'est également le besoin de se trouver de réelles raisons de motivation et, partant, de se transcender que se profile la vraie quête à laquelle aspirent les champions. Les handballeuses et handballeurs, de retour d'Egypte, l'ont avoué à leur descente d'avion quand ils ont eu à rencontrer des milliers d'Algériens venus leur témoigner une légitime reconnaissance. La sélection nationale de volley-ball se prépare à son tour, avec en point de mire le Championnat arabe et les JO 2012, au même challenge. Il n'y a pas de raison qu'il en soit autrement. Pourtant, aussi prévisibles étaient ces réactions de sportifs, aussi paradoxales sont sur le plan de la compétition nationale les retombées précédemment évoquées. Les performances de la sélection nationale de football ont, en plaçant la barre très haut, littéralement mis sous perfusion le Championnat de football, les supporters parmi les plus accros désertant gradins et tribunes alors que le spectateur ordinaire en a tout bonnement fait son deuil. Un retour de flamme somme toute inattendu dans la mesure où, dans un contexte normal, les performances de la sélection nationale auraient bien au contraire dû déboucher sur un phénoménal effet d'entraînement sur les jeunes, susciter un intérêt difficilement à contenir et de là conduire les instances nationales en charge du sport à réfléchir aux voies et moyens d'encadrer et de canaliser la très forte demande. En termes plus clairs, c'est ce qui est arrivé en France au lendemain du Mondial 98 quand les pouvoirs publics ont dû faire face à une demande extraordinaire d'inscription dans les écoles de football des clubs hexagonaux. Sauf que, dans ce cas de figure, les autorités françaises avaient réfléchi par anticipation à la question le jour même où les Bleus avaient atteint les quarts de finale. Soulignons que la fédération du pays concerné devait répondre à une demande qui avoisinait les six millions de candidats enfants à suivre une formation de football. C'est tout dire. Or, exception faite des terrains vagues qui n'arrêtent pas d'accueillir effectivement des centaines de jeunes dans chaque commune du pays, en Algérie rien ne semble avoir été prévu ou fait pour mettre à profit ce regain d'engouement de la jeunesse pour le sport en général et le football en particulier et, ce faisant, relancer le métier naturel de footballeur que recèle chacun de nos compatriotes et redonner au pays ce qu'il avait déjà au lendemain de l'indépendance : des footballeurs d'exception et des clubs, quelles que soient leur dimension, leur implantation, leur niveau, fournissant régulièrement des champions. Draoui, Douadi, Merzekane, Belloumi, Bensaouala, Madjer, Naïm, Bachi, Belkedrouci, Guedioura, Meziani, Benbouteldja ne sont pas nés du néant même si parfois certains d'entre eux venaient de nulle part. Pour l'anecdote est-ce que tous les Algériens connaissent Grarem Gouga ? La réponse serait à 90% non. Pourtant c'est dans ce village minuscule de l'est du pays qu'a été formé Yacine Bezzaz. Lequel n'est qu'un exemple entre des dizaines d'autres. Hélas, à l'heure actuelle, en fait depuis plus d'une quinzaine d'années, le football national recycle ces mêmes joueurs au moment où aucune chance n'est donnée aux milliers de jeunes qui s'ébattent dans des terrains vagues ou mateco de cités.