Photo : Riad Par Abdelhamid Lemili Dans un univers onirique, un homme, en fait un entraîneur de football, entre dans les vestiaires et rencontre les éléments de l'équipe qu'il va coacher. «Bon, les gars je suis votre coach ; je vais faire semblant de vous entraîner ; vous, vous allez faire semblant de jouer ; le public va faire semblant d'apprécier ; les dirigeants vont faire semblant d'être satisfaits ; les responsables nationaux vont faire semblant d'avoir réussi et leur grand chef faire semblant de durer.» C'est un peu grâce ou à cause, c'est selon, de cette alchimie incomparable que la compétition nationale de football n'arrive plus à retrouver des couleurs. Certes, les gens vont encore au stade, et sans doute plus qu'avant parce que ce n'est plus le même public et s'il en reste parmi les anciens supporters qui ne ratent pas une rencontre, ces derniers y vont comme d'autres vont à Canossa. Toutefois, il ne faut surtout pas se leurrer car, à piètres acteurs sur le terrain, passez-nous l'expression, il ne se trouve dans les gradins et tribunes qu'un piètre public par principe naturel d'équivalence même. La preuve est aisément apportée chaque semaine par les débordements hystériques qui ont lieu, d'abord et surtout, dans les enceintes pour être également et malheureusement transportées à l'extérieur ensuite. Il suffirait de se souvenir des événements de Saïda, d'Oran, de Khroub et de Skikda. Dans tout cela, où était finalement le spectacle ? Dans la rue forcément. Quel est alors ce sport où il n'y a finalement de spectacle que celui dans lequel d'un côté se trouvent les forces de l'ordre mobilisées comme jamais et obligées de recourir parfois à des moyens extrêmes pour ramener la sérénité. Des jeunes payent chèrement leur place. Parfois en recourant à un billet de banque difficilement acquis et, parfois, de leur propre vie en général dans des accidents de la route dans ce qui ressemble plus à une odyssée qu'à un déplacement au sein de l'enceinte même comme ce fut le cas lors des deux rencontres entre le CSC et la JSMS (les deux camps perdant un des leurs au cours d'une agression crapuleuse). Tout ça pour ça, sommes-nous tenus de le souligner, pour des rencontres qui ne valent pas roupie de sansonnet, un football au niveau même pas moyen, des conditions d'accès dantesques. La discipline la plus prisée dans le pays se limite à une poignée de rencontres entre une demi-douzaine de clubs de la capitale beaucoup plus pour leur cachet derby et l'ambiance installée bien des jours, voire des semaines avant et après. D'ailleurs, depuis que les équipes de Bordj Bou Arréridj et d'El Eulma sont parmi l'élite, le même phénomène est prévalant dans l'est du pays par leur confrontation directe et plus particulièrement contre l'adversaire commun qu'est l'ES Sétif. Même le derby petit format (pour des raisons ponctuelles d'appartenance à la D2), dit-on, installe une ambiance de folie. Nous en prenons pour exemple celui constantinois entre le MOC et son voisin le CSC. La première manche de la saison écoulée, pour l'ambiance extraordinaire qui a marqué la rencontre, était tout simplement à classer parmi les plus grands événements à l'échelle nationale, voire régionale (maghrébine). Celui d'hier, après un calme inhabituel à travers la ville, a, à partir de vendredi, pris une autre tournure, l'événement mettant dans la rue des milliers de supporters, notamment les fans du CSC qui illumineront les artères jusqu'au lever du jour en attendant le coup de sifflet d'envoi. Il est donc clair que le spectacle n'est plus le fait des équipes mais de leur public. Ce spectacle peut être différemment apprécié et chacun a ses raisons légitimes. Il n'en demeure pas moins qu'en redonnant des couleurs à une parodie de rencontre de football, le public contribue à la mascarade et la perpétue au lieu d'exiger le respect d'un cahier des charges auquel devraient être astreintes les équipes. La sélection nationale algérienne à qui tout réussit grâce au talent de ses éléments est à 90% constituée de professionnels. Il est utile de préciser des professionnels… professionnels, ils évoluent tous à l'étranger. Pourquoi ne se trouve-t-il pas des éléments du Championnat national ? Autre évidence : Hadj Aïssa, réputé comme le joueur le plus doué de sa génération, a tenté une expérience outre-mer, il est retourné au pays main devant, main derrière pour réintégrer son ancien club. A bon entendeur salut.