Photo : S. Zoheir Par Hasna Yacoub Les réactions de l'Etat algérien après la décision du Mali de libérer quatre terroristes se poursuivent. Hier, le directeur général des relations multilatérales au ministère des Affaires étrangères, Benchaa Dani, a indiqué que «l'Algérie souhaite que la décision malienne de libérer quatre terroristes en échange d'un otage français détenu par un groupe terroriste ne se répète pas. Toute libération d'un terroriste pourrait, à ce stade-là, porter un danger supplémentaire à des victimes innocentes». Invité de la Chaîne III de la radio nationale, M. Dani a tenu à rappeler la résolution 1905 du Conseil de sécurité des Nations unies qui interdit et criminalise le payement de rançon avant de souligner que les Etats sont engagés à respecter, observer et appliquer cette résolution. A noter qu'Alger a décidé dernièrement, en raison du reniement par le Mali de ses engagements et des conventions le liant à l'Algérie, de rappeler pour consultation son ambassadeur à Bamako. Le gouvernement algérien a également condamné et dénoncé «avec force cette attitude inamicale du gouvernement malien qui a fait fi de la convention bilatérale de coopération judiciaire signée par les deux pays et au nom de laquelle la demande d'extradition des deux ressortissants algériens, poursuivis par la justice algérienne pour des actes terroristes, a été formulée en septembre 2009 et réitérée en février 2010». En fait, il faut rappeler que, dans cette affaire, c'est la France qui a réussi à soudoyer le gouvernement malien, lequel a fini par libérer les quatre terroristes comme exigé par le GSPC contre la libération de l'otage français, Pierre Camatte. Bamako qui a ouvert une crise diplomatique avec Alger pour faire plaisir à la France –ce qui démontre le double langage de ce pays européen quant à la lutte antiterroriste- mine tous les efforts de lutte dans la région sahélo-saharienne. La décision malienne est un précédent grave qui ouvre la brèche aux terroristes et à tous les bandits pour prendre des otages et exiger la libération de leurs acolytes ou encore amasser des sommes colossales qui leur serviront à se redéployer. Sur un autre registre, celui des droits de l'Homme, M. Benchaa Dani a rappelé que l'Algérie applique, au sujet de l'abolition de la peine de mort, le système du moratoire depuis 1993. Il a, dans le même cadre, relevé l'importance de la création des conditions d'une culture des droits de l'Homme et d'un système de protection des victimes des droits de l'Homme et leur prise en charge. «Le Conseil des droits de l'Homme (CDH) a un rôle à jouer. L'expérience de l'Algérie en matière de réconciliation nationale et de concorde civile est édifiante et reconnue à travers le monde et elle a eu des résultats extraordinaires», a-t-il souligné, insistant sur l'importance du rôle de l'Algérie comme «acteur principal» dans ce débat. Sur ce plan, il a mis en exergue le débat sur la réforme du Conseil de sécurité. «Son élargissement pose des problèmes et ses enjeux sont importants. Nous sommes actifs dans la revendication, pour le continent africain, des postes aussi bien permanents que non permanents supplémentaires et communs». L'Algérie suit également de près la réforme des Nations unies qui a créé, il y a plus de quatre ans, le Conseil des droits de l'Homme, a-t-il ajouté, précisant à ce propos, qu'à chaque fois qu'un pays a l'impression que l'objectif est plutôt politique et qu'il y a des tentatives d'instrumentalisation, il le dénonce et l'Algérie n'est pas le seul à le faire.