La stratégie industrielle prônée par le gouvernement depuis quelques années a été au centre des débats lors d'une rencontre ayant pour thème «l'émergence des champions nationaux : rêve ou réalité ?», organisée hier par le Cercle d'action et de réflexion autour de l'entreprise (CARE) à Alger. Nadir Lagoune, consultant en stratégie d'entreprise, intervenant à l'ouverture de la rencontre, a reconnu que cette stratégie fait face actuellement à un certain nombre d'insuffisances. Il cite notamment la mise à niveau des entreprises qui en est toujours à ses premiers pas. «Sur 100 000 entreprises, seules 500 ont été mis à niveau», a-t-il affirmé. En outre, selon l'intervenant, les partenariats et les associations entre les entreprises algériennes sont rares, ce qui fait que les regroupements d'entreprises n'existent pas. Selon l'évaluation de cet expert, l'environnement des affaires est également mis à l'index, puisqu'il est peu favorable à l'émergence de groupes industriels. Le constat qu'a dressé l'expert en stratégie d'entreprises n'a pas épargné la production nationale qui reste, à ses yeux, négligée par les différentes politiques économiques. Le conférencier a proposé par ailleurs quelques pistes pour sortir de cette situation. L'informel reste, pour lui, un des défis du moment. Et c'est ainsi qu'il préconisera de mettre en place des mesures radicales pour l'éradiquer et instaurer un climat de confiance dans le système économique. Il a proposé aussi de revoir et de renforcer le cadre juridique et institutionnel de manière à permettre aux entreprises d'évoluer et de changer leurs formes. Et dans ce sillage, l'orateur n'a pas oublié de rappeler que les entreprises devraient dépasser le cadre familial qui empêche d'une certaine manière tout développement de l'entité. Pour sa part, Abdelmadjid Bouzidi, expert économique, n'a pas ménagé cette stratégie industrielle qui «va dans le mur», selon ses dires. Il pense qu'aujourd'hui on ne peut pas faire comme les Coréens car le contexte a changé et l'économie algérienne doit suivre cette évolution en s'ouvrant à l'économie mondiale. Il estime dans le même ordre d'idées que seul le secteur privé est appuyé par une politique efficace pour faire des résultats. «Il faut aller vers l'entreprises privée et essayer de l'internationaliser», a-t-il recommandé, proposant au passage «un couloir vert pour la constitution de champions nationaux». Il faut signaler cependant que le phénomène de l'informel a été relevé à plusieurs reprises par les intervenants qui estiment que son éradication est un préalable à tout développement de l'économie et même sa régulation. S. B.