«Une dérive d'une extrême gravité». C'est en ces termes que la secrétaire générale du Parti des travailleurs, Louisa Hanoune, a qualifié le communiqué de l'alliance présidentielle appelant à «la reprise immédiate du travail», ainsi que les menaces de «radiation» brandies à leur encontre par la fonction publique. En abordant cet unique thème, à l'ordre du jour d'une session du comité central, tenue hier à la Mutuelle des travailleurs des matériaux de construction de Zéralda, Mme Hanoune a estimé que le communiqué en question est «une guerre déclarée contre des centaines de millions de travailleurs, non seulement contre les enseignants affiliés au CNAPEST et à l'UNPEF, mais aussi, à d'autres syndicats». Elle estime que ce communiqué dénote d'un «revirement total» de la politique suivie jusque-là à l'égard des conflits sociaux qui avait bien donné matière à satisfaction, puisque le droit de grève et le droit aux négociations ont été reconnus par divers secteurs, dont celui de l'éducation. Dégageant aussi la responsabilité du ministre de l'Education nationale, elle dira que le communiqué de l'alliance présidentielle est «à contre-courant des orientations économiques nouvelles et de la réconciliation nationale initiée par le président de la République, dont la mise en œuvre a été confiée au Premier ministre». C'est à ce titre, et partant du principe que la responsabilité de son parti de trouver une solution, la secrétaire générale du Parti des travailleurs a décidé d'adresser uen lettre ouverte à M. Ahmed Ouyahia, l'exhortant à ouvrir le dialogue avec les enseignants et les personnels de la santé publique. Dans sa missive au Premier ministre, auquel elle s'adresse personnellement au nom des membres du comité central, des adhérents et sympathisants de son parti, Louisa Hanoune lui demandera «d'arrêter ce massacre», non sans rappeler «les revendications légitimes des enseignants». La correspondance rappelle aussi quelques vérités. D'abord que l'Etat a besoin de la confiance des travailleurs afin de poursuivre sa nouvelle orientation économique, de mener à bien la lutte contre la corruption, la lutte contre la fraude fiscale et de résistance aux pressions étrangères. Après avoir estimé que «des centres d'intérêts occultes ne veulent pas de la stabilité du pays», Louisa Hanoune propose sa médiation pour désamorcer cette crise, en mettant à profit ses bonnes relations avec les syndicats. Même si les clés sont entre les mains du Premier ministre, a-t-elle dit. Avant de conclure que son seul souci est que «l'élan d'espoir créé dernièrement ne soit pas cassé». A. R.