Revenir à la raison, ce n'est pas se désavouer. Des enseignants l'ont compris en décidant de retourner en classe et de revêtir leur tablier pour dispenser à nouveau les cours. Il est vrai qu'il y a eu des menaces de la part du ministre de l'Education nationale, mais le fait de reprendre le chemin des établissements scolaires et de renouer avec les élèves signifie-t-il pour autant renier son combat ? D'autant plus que des résultats concrets ont couronné la lutte des syndicats autonomes qui avaient appelé à la grève. Des salaires conséquents ont été arrachés, avec effet rétroactif au 1er janvier 2008, tel qu'il a été réclamé par les grévistes. Un succès appréciable pour les instituteurs et les professeurs, en attendant l'aboutissement d'autres revendications. Que de journées perdues depuis l'annonce, dès les premiers jours du débrayage, des décisions prises par la commission ad hoc qui s'était penchée sur la revalorisation du régime indemnitaire. Un entêtement qui a coûté un retard dans le programme, et lorsqu'on y additionne toutes les grèves qui ont marqué le premier trimestre, on ne peut que s'inquiéter quant à cette perte de temps qu'il sera difficile de rattraper. Le conflit a perduré en dépit d'un début de solution, au détriment des élèves qui étaient convaincus cette fois-ci du non-sens de la poursuite de la protestation par leurs enseignants. Tout simplement parce que la tutelle a répondu favorablement à des revendications socioprofessionnelles. Le droit des enfants est de bénéficier de l'enseignement et il n'appartient à personne de le dénier, il aurait été plus judicieux pour les syndicalistes de couper la poire en deux en faisant valoir, en même temps que leurs intérêts, ceux des élèves. Libre à eux de maintenir le fil des négociations et de continuer à interpeller le ministère de l'Education sur leurs autres doléances. Mais le fait de camper sur leurs positions pendant presque deux semaines en oubliant leur mission nuit considérablement aux potaches. Il est heureux que la sagesse ait prévalu chez une partie des pédagogues en attendant de voir comment réagira aujourd'hui le second syndicat dont les adhérents ont pour tâche de préparer les candidats à l'examen du baccalauréat. Toute tergiversation ne fera que compromettre les chances des prétendants à ce diplôme, et cela personne ne peut l'ignorer. En tout cas, pas le syndicat en question ni les enseignants qui ont répondu à son appel à la grève et qui poursuivent leur mouvement dans l'attente de sa décision aujourd'hui. Tenir tête à des responsables qui ont employé la manière forte pour inciter à la reprise n'est pas la solution. Le bras de fer ne pourra servir ni les uns ni les autres. Il ne pourra que faire du tort aux lycéens dont l'angoisse grandit au fil des jours. Il est toutefois regrettable que des responsables au niveau de la tutelle aient usé d'un ton totalitaire, telle la menace de radiation et d'action en vue du retrait des agréments aux syndicats frondeurs. R. M.