De notre correspondant à Annaba Mohamed Rahmani Le procès de l'affaire de blanchiment de capture de thon dans laquelle sont impliqués le secrétaire général du ministère de la Pêche, M. Boudamous Fateh, le directeur des pêches maritimes et océnaniques, M. Allam Kamel, les 2 armateurs des bateaux algériens «El Djaeai II» et «Chahid Hasni», l'armateur turc, M. Oghlou Hassan Chirif, ainsi que ses 4 compatriotes, pêcheurs de leur état, a été reporté. Le tribunal devait se prononcer hier sur cette affaire qui a fait couler beaucoup d'encre. La requête demandant le report du procès, introduite par la défense sur la base de l'absence des accusés turcs, a été acceptée par le juge qui a fixé la date du 24 mars prochain pour statuer définitivement et rendre son verdict et ce, quels que soient les raisons qui seraient invoquées pour un nouveau report. Il faut dire que cette affaire traîne depuis près de 6 mois, allant de report en report tantôt pour complément d'informations, tantôt pour absence de telle ou telle partie ou encore à la demande expresse de la défense maintes fois mise à mal par les questionnements d'un juge visiblement très au fait de cette affaire et maîtrisant sur le bout des doigts le droit maritime. Rappelons que cette affaire a défrayé la chronique le 10 juin 2009 lorsque les gardes-côtes de la station maritime principale de Annaba avait arraisonné au large des côtes annabies 3 bateaux turcs avec 210 tonnes de thon rouge pêchées dans les eaux territoriales algériennes et vendues par un bateau algérien, en l'occurrence «El Djazair II». 4 Turcs, Oghlou Hassan Chirif, Iddiz Mustapha, Blibel Iroll et Certer Iroll, avaient été accusés de pêche illicite dans les eaux territoriales algériennes, de contrebande et de falsification de registres, 4 Algériens, Saadoun Maamar et Saadoun Hachemi pour pêche illicite et Boudamous Fateh et Allam Kamel pour trafic d'influence et de détournement de fonctions au profit de tierces personnes. Lors des précédentes audiences, le juge avait semé le doute quant à la thèse selon laquelle il y avait eu transbordement des quantités de thon (210 tonnes) supposées avoir été pêchées par les bateaux algériens puisque les pêcheurs turcs avaient affirmé avoir pris cette quantité en 3 jours, ce qui était quasiment impossible au vu des constats faits par les gardes-côtes lors de l'inspection des bateaux de l'armateur turc. Le juge avait donc conclu que les thoniers turcs avaient pêché cette quantité pendant plusieurs jours et qu'il n'y avait pas eu de transbordement, les armateurs algériens ayant tout simplement vendu aux Turcs leur quota. La dernière audience avait vu le procureur de la République requérir de lourdes peines contre l'ensemble des accusés, allant de 8 à 5 ans de prison ferme assorties d'une amende égale à dix fois la valeur marchande des 210 tonnes de thon pêchées dans les eaux territoriales algériennes. Hier matin, dans la salle du tribunal, tout le monde s'attendait à ce que cette affaire trouve son dénouement puisque le dossier a été bouclé depuis longtemps, mais l'absence des accusés turcs, pourtant sous contrôle judiciaire, a fait que cette affaire soit une fois de plus reportée.