De notre correspondant à Béjaïa Kamel Amghar «Dommage ! La beauté ne va pas souvent de pair avec la fortune», regrette Guy de Maupassant, décrivant une honorable jolie dame qui était mal mise. Un personnage de fiction. On est tenté de dire la même chose de certains sports, considérés comme mineurs en Algérie, mais qui permettent en revanche à l'hymne national de retentir dans les grands rendez-vous internationaux. Des disciplines comme le judo, la boxe, le karaté do, l'athlétisme, la lutte ou la natation, parfaits cendrillons de notre système sportif, ont donné naissance à de grands champions qui ont honoré les couleurs nationales un peu partout à travers le monde. Malgré le peu d'intérêt accordé à ces sports (absence de perspectives, désintérêt des clubs, inexistence des centres de formation) et les difficultés rencontrées par les athlètes (manque de préparation, rareté des compétitions, défaut de financement), ces sports continuent de nous sauver la face dans les grand-messes intercontinentales comme les championnats du monde ou les jeux Olympiques. Des sportifs de grande stature dont la popularité s'efface aussi vite que les jeux dans lesquels ils s'étaient illustrés. Des héros d'un jour, ou tout au plus de quelques mois, qui restent frustrés par ce manque de reconnaissance. On peut citer à ce sujet de talentueux pugilistes comme Ouled Khelifa, Hamani, Moussa, Soltani, Allalou. Des légendes de l'athlétisme comme Morceli, Boulmerka, Guerni, Siaf ou Merah. Des étoiles «filantes» à l'image des judokas Meridja et Souakri, le karatéka Kaddour, le nageur Iles ou l'haltérophile Besbes. Et, tant d'autres encore. Des valeurs sûres qui ont brillamment défendu les couleurs nationales sans grande contrepartie. Même s'ils ont toujours le même sens du devoir et une modestie qui prête à l'effacement, ces champions sombrent lentement dans l'anonymat. Aucune chance ne leur est offerte pour mettre leur compétence et leur capital expérience au service de jeunes pratiquants. Aujourd'hui, l'Algérie a un sérieux problème de relève. Dans ces sports individuels, le MC Alger était un grand pourvoyeur des équipes nationales. Présentement, le doyen des clubs algériens traverse lui aussi une mauvaise passe. L'instabilité chronique qui affecte ses staffs dirigeants, les soucis ordinaires de trésorerie et la prééminence contreproductive du football dans l'agenda de la formation en vert et rouge sont autant de facteurs qui ont réduit comme peau de chagrin toutes ces disciplines «mineures» qui ont fait, autrefois, la renommée du Mouloudia. Associations et ligues sportives sont appelées à investir davantage dans ces sports délaissés qui bénéficient d'un énorme potentiel de développement. La planche à voile, le cyclisme, le canoë-kayak, le badminton, le tennis de table, l'escrime et les arts martiaux comptent des centaines, voire des milliers, de passionnés à travers le territoire national. Des férus motivés qui ne demandent qu'à être pris en charge pour révéler toute la dimension de leur talent. Les pouvoirs publics sont, à ce propos, interpellés pour prendre en considération cet aspect du problème dans l'octroi des subventions. Le critère de la performance et des résultats doit aussi prévaloir au profit des disciplines compétitives comme le volley-ball, le judo ou la boxe qui méritent naturellement de bénéficier d'une attention particulière. La qualité de la participation algérienne aux joutes internationales dépend de cette juste reconsidération des choses. On doit absolument faire en sorte que la performance soit bien récompensée pour inciter tous les sportifs à se surpasser et créer cette rivalité saine entre les différentes disciplines.