«En plaçant la réforme des collectivités territoriales au centre de la réforme des missions et des structures de l'Etat, nous avons voulu consolider la démocratie locale et lui donner tous les moyens pour qu'elle s'exprime. Notre démarche, fondée sur une décentralisation et une déconcentration pragmatiques et progressives, est aujourd'hui largement engagée, et des projets de loi ont été préparés, visant la clarification des missions et des compétences de l'ensemble des acteurs locaux et l'amélioration de l'organisation et du fonctionnement des collectivités territoriales.» Lorsqu'on aborde certains aspects du développement local avec des responsables locaux, ils répondent immanquablement que la question relève du pouvoir central. Souvent, ces questions ne concernent pas une infrastructure lourde telle qu'un barrage, une autoroute ou un hôpital, mais le réseau d'assainissement, les moyens de voirie, un programme urgent de logements, la construction d'une école… c'est dire l'ampleur du manque de moyens financiers et le peu de prérogatives dont disposent les collectivités locales. Manifestement, le président de la République veut mettre un terme à cet état de fait qui a dépouillé les élus locaux de leur pouvoir et de leur responsabilité. La décentralisation de la décision ne pourra que se traduire par une meilleure gestion des collectivités locales et responsabiliser davantage les élus locaux. Car, si le maire n'a pas de pouvoir de décision sur le foncier agricole, industriel et immobilier, comment pourra-t-il faire preuve d'imagination, élaborer un programme de développement, attirer les investissements et s'imposer ainsi comme un acteur déterminant dans l'effort national de relance économique et de résurrection de l'espoir chez ces millions de jeunes dans les rues des villes et villages, adossés aux murs sans charme, déambulant dans des artères asséchées, attablés à des terrasses de cafés voyant leur jeunesse se consumer à travers des jours et des nuits qui se suivent et se ressemblent. Ce spectacle désolant est visible dans toutes les communes du pays. Il est encore plus affligeant dans les villes et villages de l'intérieur du pays où rien n'aide les jeunes à espérer ou à attendre des lendemains meilleurs. L'inertie y règne et rogne ce potentiel immense qui meurt à petit feu. «Maintenant, il est nécessaire que, de votre côté, vous fassiez preuve de pragmatisme, de détermination, d'initiative et de transparence dans la gestion de vos communes, car le développement local, qui a toujours été perçu comme relevant de la seule responsabilité de l'Etat central, est en train d'être redéfini pour s'inscrire dans les responsabilités des communes.» Cette déclaration du Président est une révolution si elle venait à prendre forme et à se traduire sur le terrain de toutes les communes afin que ces dernières cessent enfin d'être des provinces, des laissées-pour-compte, des oubliées qu'on ne se rappelle que lors d'échéances électorales. A. G.