Photo :Riad Par Mekioussa Chekir «La légitimité qui est aujourd'hui la vôtre est un motif de fierté pour vous, mais elle est également porteuse d'une lourde responsabilité parce que les suffrages que vous avez obtenus expriment beaucoup d'attentes et beaucoup d'espoir chez les citoyens qui vous ont choisis […] Les citoyens algériens, notamment les jeunes, attendent de vous des réponses à leurs multiples attentes, une amélioration de l'environnement et de la qualité de vie, une prise en charge efficace du service public mais aussi plus de transparence dans les décisions qui les concernent à travers une information organisée, plus d'écoute et de participation dans les choix relatifs au développement de leur commune.» C'est en situant les responsabilités qu'induit leur fonction que le chef de l'Etat s'est adressé hier aux 1 541 présidents d'Assemblées populaires communales (APC) à l'occasion de la rencontre sanctionnant le cycle de formation entamé au profit de certains d'entre eux depuis avril dernier par le ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales. La rencontre abritée par la coupole du complexe Mohamed Boudiaf a réuni, outre les membres et le chef du gouvernement, les walis, les walis délégués, les présidents des Assemblées populaires de wilaya (APW) et les chefs de daïra. Tout en précisant que la réforme des collectivités locales s'inscrit dans l'optique du renforcement de la «démocratie locale», le chef de l'Etat abordera le futur découpage administratif : «En plaçant la réforme des collectivités territoriales au centre de la réforme des missions et des structures de l'Etat, nous avons voulu consolider la démocratie locale et lui donner tous les moyens pour qu'elle s'exprime. Notre démarche fondée sur une décentralisation et une déconcentration pragmatiques et progressives, est aujourd'hui largement engagée, et des projets de loi ont été préparés, visant la clarification des missions et des compétences de l'ensemble des acteurs locaux et l'amélioration de l'organisation et du fonctionnement des collectivités territoriales», dira-t-il à propos de cette perspective. Ce projet, ajoutera-t-il, est néanmoins en butte à un «grave écueil», celui de l'insuffisance des ressources humaines. «Nous n'avons pas de walis, de walis délégués, quand on parle de wilayas, cela suppose l'amélioration des conditions de vie des citoyens, des infrastructures nouvelles […] Or, cela nous ne pouvons le réaliser, nous devons nous l'avouer mais nous nous devons de rapprocher le citoyen de l'administration quel qu'en soit le prix», dira-t-il, entre autres, en se livrant à des improvisations par moments en sortant du cadre du discours écrit. Argumentant la nécessité de procéder au nouveau découpage territorial, Bouteflika fera savoir que des APC passeront au rang de wilaya comme celle de In Salah en raison de son éloignement du chef-lieu de wilaya. Cela, même si elle ne répond pas au critère de la densité de la population qui est de 50 000 habitants. A l'adresse des élus locaux, il relèvera le fait que la confiance entre eux et le citoyen est le garant d'un Etat fort, ajoutant que, si le pluralisme partisan est un acquis, il ne faudrait pas qu'il soit un élément de division au sein de l'APC en ce sens que c'est l'intérêt de la collectivité locale qui doit primer. Et de convier les APC à ne pas se contenter de la responsabilité de la prise en charge du quotidien des citoyens. Elles doivent jouer leur rôle essentiel, celui d'encourager les investissements productifs. Il rappellera les mesures prises dans le cadre de la réforme des collectivités locales qui consistent en «la modernisation des instruments et des actes de gestion, des ressources humaines, ainsi que l'amélioration des compétences». Il s'agit notamment de l'élaboration d'un statut des personnels des collectivités locales qui introduit la gestion par la compétence et permet la professionnalisation des acteurs du service public local. La construction de six établissements de formation vient d'être inscrite, informera également le chef de l'Etat, et va porter à 11 le nombre d'établissements de formation des collectivités locales avec une capacité pédagogique de 9 000 places. Une nouvelle discipline va, dans ce cadre, être introduite, celle des ingénieurs territoriaux alors que l'Ecole nationale d'administration (ENA) va passer sous la tutelle du ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales. Considérant que «le véritable changement se fera par la formation», le chef de l'Etat annoncera que les secrétaires généraux de commune, les chefs de daïra, les inspecteurs généraux de wilaya, les directeurs, les secrétaires généraux de wilaya et les walis eux-mêmes bénéficieront tous de cycles de recyclage et d'une formation au management public. Dans le cadre de l'amélioration de la mission des collectivités locales, le chef de l'Etat demandera aux élus locaux de rendre l'espoir aux citoyens, notamment les jeunes, qui revendiquent légitimement un meilleur cadre de vie : «Le citoyen a besoin de celui qui lui redonne l'espoir en l'avenir, assez de pessimisme, notre problème c'est que nous ne nous aimons pas suffisamment […] Il ne faut pas attendre la prochaine campagne électorale pour se souvenir qu'il y a des électeurs, il faut solliciter leurs avis, écouter leurs opinions, l'Etat peut en tirer profit», soulignera-t-il. M. C. Dahou Ould Kablia à propos des élus FFS : «Ceux qui ont boycotté sont libres» Interrogé en marge des travaux de la réunion des présidents d'APC sur le boycott de celle-ci par certains maires FFS, le ministre délégué aux collectivités locales a déclaré que les concernés sont libres de leur décision et que son département n'allait prendre aucune sanction à leur encontre. «C'est une rencontre sous l'égide du chef de l'Etat, il appartient donc à la Présidence de considérer la question», conclura néanmoins Daho Ould Kablia. A rappeler qu'à la veille de cette rencontre, le FFS avait annoncé que les élus locaux qui représentent son sigle allaient en boycotter les travaux, ce qui fut respecté par certains d'entre eux seulement puisque d'autres étaient présents. M. C. Zerhouni : «Le nouveau découpage administratif va au-delà des recommandations de la commission Sbih» C'est ce qu'a assuré hier aux journalistes le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales. Il précisera que le nouveau découpage se fera progressivement et de manière «méthodique», d'abord à travers l'installation des walis délégués, pour aller, ensuite, vers la mise en place des nouvelles wilayas. Cette opération nécessitera du temps et des efforts dans la mesure où certaines wilayas actuelles ne disposent pas de tous les services, en citant les cas de Bordj Bou Arréridj et de Relizane, explique-t-il. «Nous souhaitons que les partis politiques fassent des efforts dans l'amélioration du choix de leurs candidats», dira-t-il, par ailleurs, avant de rappeler que les nouveaux codes de wilaya et de commune seront présentés au Parlement avant la fin de l'année en cours ou, au plus tard, au début de la prochaine.