Quand vous allez assister à un spectacle, quel qu'il soit, il faut savoir que l'organisation de l'événement se prépare en amont depuis plusieurs jours, voire plusieurs mois.Les techniciens des spectacles constituent une véritable fourmilière humaine qui officie dans l'ombre. Le but ? Offrir au public qui s'est déplacé des commodités dignes de ce nom et des conditions techniques optimales aux artistes qui se produisent sur la scène, socle de l'édifice du spectacle. Jadis, les clubs de football, surtout de l'élite, faisaient déplacer des foules nombreuses. Aujourd'hui, au chapitre de la mobilisation, ils sont battus à plate couture par les clubs de quartier et ceux de l'intérieur du pays dans un football professionnel qui ne passionne pas trop le public. Les raisons sont multiples, mais la qualité des rencontres y est pour beaucoup. Le Championnat national de football en est à sa 25e journée. Le bon vieux temps de la réforme Cette compétition disputée par 18 clubs de l'élite, différents par leur histoire, leur palmarès mais aussi et surtout par le public qui est derrière eux. Ainsi, si certains clubs drainent des foules, d'autres ne peuvent même pas remplir la seule petite tribune d'un petit stade. Ce qui tient à la nature diverse et variée des entités qui composent les divisions une et deux. Des clubs traditionnels, de société ou d'entreprise ou encore des clubs issus de villages ou même de quartiers. Ainsi, les clubs d'entreprise (ou dans l'entreprise, comme le débat avait été soulevé, il y a plusieurs années, au temps de la réforme sportive), ont, en raison de leur statut, du mal aujourd'hui à se trouver des supporters. Car, à part les dirigeants, les anciens joueurs ou les travailleurs de ces sociétés ou entités qui leur donnent leur nom, il est difficile de trouver quelqu'un pour les supporter. Pour masquer tout ce vide lorsqu'ils disputent des matches importants comme une finale de Coupe, ces clubs ont recours souvent à des écoles de football ou mobilisent des jeunes des quartiers. Les clubs les plus populaires qui devaient avoir une base très forte du fait de leur cohabitation avec les autres clubs rivaux de leur adversaire, ont également beaucoup de mal à intéresser leur «vivier naturel». Ces clubs contrastent avec leurs clubs rivaux du basket qui mobilise bien plus que le football à Staouéli, à Boufarik ou à Tipasa. Pour certains, c'est peut-être parce que le football n'est plus ce qu'il était. Pour preuve, des classicos de la trempe d'un JS Kabylie-MC Alger ou d'un USM Alger-MC Alger n'attirent plus les foules. Cette situation est similaire de celle d'autres clubs comme le MC Oran ou le CRB qui ne font plus recette. Ce n'est pas le cas de leurs homologues des régions qui y sont devenus des clubs phares. Ainsi, des petits clubs de régionale, de wilaya ou tout simplement de quartier, font le plein à presque chaque sortie de l'équipe. Il en est de même pour les tournois inter-quartiers. A titre d'exemple, l'école de football du Paradou AC affiche complet à chacune de ses sorties face aux clubs algérois et sélections nationales de jeunes. N'y sont pas étrangers les résultats de ces dernières années, surtout en Coupe d'Algérie, où des clubs supposés «costauds» se font sortir par d'autres de quartier. Ils sont non seulement réguliers mais entrent sur le terrain avec la ferme intention d'accéder au palier supérieur. Les petits clubs drainent plus de public Les petits clubs ont également la sympathie des habitants de leur localité car étant les seuls clubs du cru à évoluer en championnat de leur wilaya. Ce qui n'est pas le cas des grands clubs de l'élite qui ont perdu leurs fans. Cependant, souvent les supporters ne suivent pas leur équipe dans leurs déplacements dans les autres régions. A côté de ces clubs qui peinent à mobiliser des supporters (qui n'existent d'ailleurs pas), il y a ceux dits traditionnels comme le MC Alger, la JS Kabylie, l'USM Alger, le MC Oran, le CS Constantine, à la reconquête de leur popularité perdue. Ces clubs les plus anciens du paysage footballistique ont perdu presque leur base affective. A l'époque, chaque supporter s'identifiait à un de ces clubs et le public était toujours présent. Ainsi, l'USM Alger avait sa base à Soustara qui se vidait à chaque sortie des Usmistes, la JSK à la ville des Genêts, le Mouloudia à Bab El Oued, le CRB à El Madania. Et lors des matches MC Alger-USM Alger, le stade était plein comme un œuf. Mais, depuis des années, ces clubs ont perdu de leur lustre d'antan. Le NAHD, vivier des équipes nationales, club formateur de talents, aujourd'hui lanterne rouge, dominait sans partage le championnat national et participait régulièrement aux Coupes africaines, avait ainsi gagné la sympathie de beaucoup d'Algérois et pouvait se vanter d'être l'un des clubs les plus populaires d'Algérie par sa formation de qualité. Ces clubs traditionnels ont tendance à entrer dans le bloc des clubs qui ne mobilisent que lors des grands matches comme les finales de championnat, de coupe ou des rencontres de Coupe d'Afrique (et encore !). Cette situation de désaffection du public est la conséquence des mauvais résultats de ces clubs qui ne gagnent plus depuis quelque temps, de la mauvaise organisation des compétitions, de l'infrastructure qui ne répond plus aux normes exigées pour le déroulement d'un bon spectacle, de l'insécurité régnant dans le stades et de la violence qui gagne du terrain. C'est dire si les résultats sont un facteur déterminant pour attirer un grand public. C'est surtout la mauvaise qualité du spectacle qui est à l'origine de cette désaffection du public. Certains amateurs de foot préfèrent rester chez eux et regarder les matches des championnats européens plutôt que d'aller suivre un match du championnat algérien au stade pour se faire insulter et tabasser ou perdre la vie. Cependant, certains clubs de région et de quartier ont toujours derrière eux de nombreux supporters qui les suivent partout à travers le pays ou ont des «antennes» des comités de supporters implantées dans villes algériennes. Ils font le plein à chaque fois qu'ils évoluent à domicile. Mais aussi à l'extérieur comme à Alger où leurs fans se mobilisent pour les soutenir. Certains clubs de quartier ont aussi la capacité de drainer des foules du fait de leur appartenance à des quartiers populaires. En plus de la sympathie des habitants du quartier, les clubs profitent de la proximité des stades. Aussi, ceux qui jouent l'accession dans l'élite, font des efforts sur le plan de la mobilisation. Y. B.