Une semaine après l'appel au «civisme» lancé par le ministre du Commerce, El Hachemi Djaaboub, aux transformateurs de céréales pour arrêter l'importation de blé dur, l'Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) passe à une autre étape. Devant l'engouement des producteurs à l'importation de la matière première, l'OAIC a haussé le ton, optant pour la sommation et l'avertissement. «A partir du 1er juin prochain, les transformateurs qui n'auront pas repris leurs approvisionnements en blé dur auprès de l'OAIC ne seront plus servis en cas de nouvelle flambée des cours sur les marchés mondiaux, et ne pourront plus bénéficier, le cas échéant, des prix subventionnés accordés par cet organisme de régulation», a avisé l'office par le biais de son directeur du commerce extérieur, M. Hakim Chergui, cité hier par l'APS. Dans le cadre de l'application de cette mesure, l'office est en train de se rapprocher de tous les transformateurs pour les informer de ces dispositions et de les sensibiliser : «Nous ne les considérons pas comme de simples clients anonymes, ce sont avant tout des industriels faisant partie du tissu industriel agroalimentaire national. Ce sont des partenaires», a noté M. Chergui. «Il est vrai que le marché est libre, mais cela ne peut justifier la perte de la souveraineté de notre économie», a-t-il ajouté, citant à titre d'exemple les dispositifs protectionnistes mis en place par les grands pays à économie libérale confrontés à la crise économique mondiale. Cette mise en garde intervient suite à l'augmentation des importations de blé dur par les transformateurs, attirés par la baisse des prix mondiaux passés de 100 dollars le quintal en 2008 à 25 dollars actuellement. Ainsi, l'OAIC se retrouve avec des quantités importantes de blé dur, particulièrement après le record de la production nationale enregistré durant la campagne 2008-2009 (24 millions de quintaux de blé dur, dont 9 millions affectés). Ce record n'a finalement pas été bénéfique à l'OAIC qui a subi un fort ralentissement de ses ventes. Ce qui s'est traduit par la constitution de stocks assez importants nécessitant de gros frais pour l'entretien. Il faut dire que l'OAIC ne dispose pas de moyens performants de stockage. Les prochaines récoltes, qui s'annoncent aussi bonnes que celles de la précédente campagne, aggraveront le problème de stockage. Car l'Algérie, qui a lancé une stratégie d'intensification de la production céréalière, ne s'est pas préparée en amont. Ce qui explique d'ailleurs la dernière sortie de Djaaboub. L'autre anomalie soulignée par le département du Commerce concerne les prix appliqués par les transformateurs. Bien que le prix de la matière première ait diminué, celui de la semoule au consommateur reste élevé. Il est toujours calculé sur la base du prix du blé dur appliqué en 2008, soit entre 40 et 45 DA le kg. A titre de rappel, une convention oblige les transformateurs à s'approvisionner mensuellement auprès de l'OAIC à raison de 50% de leur capacité de trituration, et ce, à un prix administré de 2 280 DA/q pour le blé dur et de 1 285 DA/q pour le blé tendre. Ce système de subvention permet de préserver le prix de cession au consommateur en blé dur entre 3 500 et 4 000 DA/q au maximum. S. I.