Photo : S. Zoheir Par Ziad Abdelhadi Des spécialistes en matière de protection des végétaux expliquent que les insidieuses apparitions du mildiou et de la septoriose traduisent inéluctablement un manque flagrant de traitement préventif contre ces parasites. Du côté de l'Institut national des protections des végétaux (INPV), les avis sont unanimes. «Malgré tous les conseils que nous prodiguons, notamment aux producteurs de pomme de terre et aux agriculteurs versés dans la céréaliculture pour se mettre à l'abri d'un désastre causé par les parasites tels que le mildiou et le septoriose, rares sont ceux qui appliquent à la lettre nos recommandations», nous ont déclaré des cadres agronomes de cet institut joints par téléphone. Et de faire savoir dans la foulée : «Cela veut dire que tout le travail de vulgarisation que nous menons n'a finalement eu aucun impact sur le terrain ou, du moins, ne semble pas sensibiliser les agriculteurs, notamment ceux versés dans les grandes cultures comme la céréaliculture et la production de pomme de terre. C'est à se demander si nos producteurs de pomme de terre ou de céréales sont conscients des pertes qu'ils peuvent enregistrer faute de ne pas avoir suivi à la lettre nos recommandations» Il faut dire également que ces orientations prodiguées par l'INPV devraient être prises en considération car elles concernent des cultures hautement stratégiques. De leur côté, des agriculteurs, grands producteurs de pomme de terre et de céréales, toutes espèces confondues, reconnaissent qu'au sein de leur profession, nombreux sont ceux qui n'observent pas les règles élémentaires de prévention, à savoir le traitement préventif des maladies cryptogamiques qui sont à la fois les plus récurrentes et les plus désastreuses sur les rendements. Nos interlocuteurs insistent également sur le fait que certains agriculteurs font exactement le contraire. En clair, ils font fi des conseils des vulgarisateurs et autres techniciens de l'INPV. C'est d'autant plus le cas ces dernières années. Les agriculteurs défaillants avancent comme argument sur ce manque de traitement de prévention la cherté des pesticides sur le marché. Cette déficience en traitement préventif constaté sur le terrain a aussi d'autres causes. Les plus évidentes sont le manque de formation en la matière, des négligences involontaires ou non et, enfin, la vente sur pied puisque les agriculteurs cèdent leurs cultures juste après la première phase de germination à des particuliers. Ces derniers sont plus soucieux du gain qu'ils vont tirer de leur opération. En d'autres termes, ils feront en sorte de cueillir les tubercules bien avant que la maladie ne se propage sur toute la parcelle achetée, tout en sachant que les plants sont encore jeunes, c'est-à-dire qu'ils manquent de maturation. Pour en revenir du traitement, des spécialistes avancent qu'il suffit d'un simple fongicide pour arrêter la propagation des taches de septoriose ou du parasite du mildiou. Ces derniers estiment d'ailleurs que, si les conseils techniques étaient rigoureusement suivis par les fellahs, nombre de maladies cryptogamiques n'auraient jamais fait leur apparition en Algérie. Malheureusement, cette année, le mildiou et la spétériose vont certainement faire parler d'eux au vu des rapports établis par les directions de l'agriculture des wilayas où ces deux maladies ont fait leur apparition. Une menace à prendre donc très au sérieux. Et c'est pourquoi il est attendu dans les plus brefs délais la mise en place de tout un dispositif de traitement avec en priorité la mise à la disposition des agriculteurs concernés de quantités suffisantes de pesticides. C'est là tout l'enjeu pour éviter le spectre d'une mauvaise production, qui pourrait engendrer, d'une part, une surenchère sur les marchés du détail et, d'autre part, une facture d'importation de blé à la hausse.