Un fort taux d'humidité conjugué à une chaleur inhabituelle, au gel et aux pluies importantes, a favorisé l'apparition du «spectre du fellah». La pomme de terre, ce précieux tubercule présent dans tous les foyers qu'ils soient riches ou pauvres, est, encore une fois, sous les feux de la rampe. Tout semble y contribuer après la hausse vertigineuse connue, il y a à peine quelques semaines, attribuée à une «pénurie» bien entretenue par des spéculateurs «costauds». Aujourd'hui, ces mêmes spéculateurs «affûtent leurs couteaux» et se préparent à profiter d'une éventuelle faiblesse de l‘offre de pomme de terres sur le marché. Cette étape semblait pourtant bien franchie, comme promis, du reste, par Saïd Barkat, premier responsable du département de l'agriculture. Cependant, les spécialistes n'écartent guère la possibilité d'une baisse importante d'offre de la production nationale du produit. Et pour cause, le champignon du mildiou menace des milliers d'hectares de culture de cette tubercule dans le pays. M.Amar Draoui, secrétaire national de l'Union nationale des paysans algériens (Unpa) a fait part de son inquiétude, notamment après avoir constaté de visu, le danger du mildiou qui menace les régions de l'ouest, en particulier, et du centre également. Il a souligné que cette maladie s'identifie à plusieurs degrés d'infection et il semble, pour l'heure, qu'elle peut être jugulée si les préventions (pulvérisation phytosanitaires) sont appliquées rapidement. Ainsi, rien qu'à Chlef et Aïn Defla, 2200 ha sont menacés, assure-t-on auprès du secteur de l'agriculture des deux wilayas. L'apparition du mildiou, qui touche principalement la pomme de terre et le raisin, s'est développée à la faveur d'une variation climatique spécifique, caractérisée le mois dernier, par un fort taux d'humidité, de gel, de pluies abondantes, et d'une chaleur précoce...Ce phénomène n'a jamais atteint une ampleur aussi inquiétante, soulignent les responsables locaux, quelque peu désarmés, devant ce fléau contre lequel «aucun traitement n'est efficace après son apparition». Les spécialistes du secteur phytosanitaire, qui prévoient des pertes importantes dans la production, expliquent que ce mal «rongeur» se manifeste sur la partie végétative, par des taches brunes avant de s'attaquer à la tubercule, en brûlant quasiment toute la plante. Ce sont les zones à haut rendement (Rouina, El Amra et Bir Ould Khelifa) de la wilaya de Aïn Defla, qui sont particulièrement menacées. En effet, 1200 ha sur une superficie globale de 6084 ha, sont consacrés à cette culture dans ces régions où le rendement moyen dans ces zones atteint 300 à 400 quintaux par hectare. La wilaya de Chlef n'est pas épargnée et on y recense plus de 600 ha sérieusement affectés, soit 30% de la superficie globale. A Sidi Bel Abbès, un dispositif de lutte contre les maladies cryptogamiques affectant cette plante et autres végétaux, a été mis en place. Initié avec l'appui technique de l'Institut national de protection des végétaux (Inpv), ce programme de lutte se distingue par divers traitements phytosanitaires visant à l'éradication du mal et à la rouille jaune qui attaque la pomme de terre et les céréales. «Ces maladies cryptogamiques se propagent très rapidement, à peine 48 heures après leur apparition, a-t-on expliqué, et affaiblissent le développement biologique des plantes qui se dessèchent avant de mourir.» Les opérations de traitement phytosanitaires, a-t-on précisé, ont été précédées par diverses actions de prospection et de localisation des périmètres affectés. Une évaluation précise des dégâts occasionnés est en cours au département du ministère concerné. Toutefois, insiste-t-on, il n'y a pas lieu de céder à la panique. Tous les services de wilaya du ministère de l'Agriculture ont «instruit» les fellahs pour se doter rapidement, en guise de prévention, d'atomiseurs -pulvérisateurs qui ne coûtent que 2000DA l'unité pour contrer toute éventualité et tenter, un tant soit peu, de limiter les pertes.