De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi La population Constantinoise est-elle sous-bancarisée ? A priori oui, si l'on brandit le taux de bancarisation requis par les règles régissant le secteur. Le réseau bancaire à Constantine, estimé à 40 agences, est loin de résorber le flux des clients, physiques ou moraux. Le guichet pour 600 personnes n'est pas assuré et la ration devrait être évaluée à 297 succursales supplémentaires pour demeurer dans les normes. Sinon, selon des statistiques fournies par des sources crédibles, actuellement une banque sert près de 2 700 habitants. Un déficit qui explique sans conteste la volonté des banques étrangères d'investir le créneau à l'échelle nationale et non en région uniquement. La répartition des banques touche 5 localités (Constantine, Khroub, Zighoud Yousef, Didouche Mourad, Aïn Abid, Hamma Bouziane) en plus de la nouvelle ville Ali Mendjeli. Un dispatching auquel s'ajoutent les bureaux d'Algérie Poste, au nombre de 55. Pour rester dans ce contexte, on apprend que trois nouveaux organismes seront bientôt opérationnels. Il s'agit de la Société Générale Algérie, Algeria Gulf Bank (AGB) et Arab Bank (ABC) implantées respectivement dans la zone industrielle de Oued El Had et à Sidi Mabrouk. A-t-on réellement besoin de multiplier les agences pour se mettre au diapason des avancées bancaires de par le monde ? Pour répondre à cette question, notre interlocuteur, qui a voulu garder l'anonymat, voit la problématique autrement : «Depuis le 15 mai 2006, date à laquelle la télécompensation est entrée en vigueur, il faut avouer que les banques publiques algériennes enregistrent un mieux concernant le traitement des moyens de paiement. Finies les périodes de 45 jours qui sanctionnaient la compensation de chèque. Avec ce système, c'est le J+5 qui excelle. Et les virements ne dépassent pas les 48 heures pour les autres modes.» De plus, la mise en branle de l'ARTS (Algerian real time settement) pour les virements interbancaires en février 2006 aurait dû faciliter le transfert de sommes «pharaoniques» en s'articulant sur le système ATCI» Algeria télécompensation interbancaire. Soit deux mécanismes à l'heure des technologies mais qui n'ont pas atteint les objectifs assignés au départ. «A travers ces dispositifs on a voulu réduire la masse volumineuse des billets, en vain», dira notre même source, attestant que 95% des transactions se font en cash. Pourtant, la traçabilité et la rapidité du procédé sont fiables. Fallait-il instaurer une culture bancaire pour persuader les clients de se soumettre à cette modernisation ? Cependant, il s'avère qu'il y a anguille sous roche en faisant fi des dispositifs. «Tant qu'il n'existe pas de texte assez clair fixant la circulation des billets au-delà d'un taux déterminé, voire douteux, on butera sur l'informel», apprend-on d'une autre source bancaire, qui ajoute à cet effet qu'«en 2008 une loi sur le blanchiment d'argent a été activée. Elle permet d'émettre une déclaration sur un éventuel client ayant retiré ou déposé de l'argent auprès de la cellule de traitement financier dépendant du ministère des Finances. Outre les transferts de fonds de l'étranger. Une mesure qui fait le tri sur les transactions jugées douteuses». Il en a résulté près de 1 000 dossiers soulevés, mais restés sans suite. Par ailleurs, en raison de la nature de la wilaya de Constantine comme carrefour commercial incontournable de par la présence des grands marchés qui l'entourent (Tadjenant, Aïn Fakroun, El Eulma, Hamma Bouziane, Aïn Mlila) et dont la majorité versent dans la vente des automobiles, les transactions se font en «liquide». Ainsi, les banques joueront le simple rôle de «tiroir-caisse». Une particularité qui cause tout de même un excédent dans les coffres-forts de la Banque d'Algérie à Constantine, alimentant souvent des wilayas limitrophes, à l'image de Batna, Skikda, Tébessa, Khenchela, Mila et Annaba. «On n'enregistre pas de problèmes de liquidité à notre niveau», confirme une source concordante. Sur un autre plan, cette fois-ci concernant les problèmes encourus par les résidents une fois devant le guichet, il est important de souligner que quelques problèmes techniques, aussi futiles qu'illogiques, persistent distinctement dans les différentes banques. Au premier cas, soulignons les chèques pliés et remis. Leur «scannage» renvoie des erreurs, ce qui ralentit du moins leur traitement. Au début de la télécompensation, il y a également eu des mauvaises manipulations relatives au logiciel du système. Mais, au terme de ces deux dernières années, les choses semblent avoir été mises parfaitement sur les rails. Toutefois, le casse-tête chinois auquel les clients sont confrontés réside dans la disponibilité des chéquiers. Les demandes sont variables d'une banque à une autre sans que les dates soient pour le moins respectées. «J'ai attendu plus de 6 mois pour avoir mon carnet au CPA», se lamente un détenteur de compte. «Et moi cela fait plus de deux mois que j'attends le fameux chéquier !» se révolte un autre client de la BNA. Questionnées sur ce phénomène, des sources officielles affirment que la SATIM, la seule entreprise chargée de la confection des chéquiers, reste submergée par la demande. «Et l'on n'entend pas la décentraliser question de sécurisation», assurent-elles. Une affirmation qui laisse planer des interrogations sur cette centralisation dont les répercussions pénalisent considérablement les clients excentrés.Que de fois des citoyens sont-ils rentrés bredouilles après avoir tenté de décrocher leur droit de change annuel auprès des banques sur la place locale. Pour décortiquer une fois pour toutes cette anomalie, hautement décriée, lors des vacances notamment, qui va à l'encontre des pratiques bancaires, nous avons pris attache avec une source dont les liens professionnels avec la Banque d'Algérie sont omniprésents. «La Banque d'Algérie est suffisamment nantie pour alimenter toutes les succursales à l'échelle de la wilaya. Que ce soit en dollars ou en euros.» Une affirmation qui vient en grande partie acculer les chefs d'agences dès lors que nos sources révèlent en outre : «Pour une simple affaire d'imprimé disponible près de l'économat, les banques ne daignent pas le retirer et sanctionnent le public sous prétexte que l'argent en devises n'est pas disponible.» Sur un autre temps on tempère : «Il arrive qu'il y ait un manque d'euros de quelques heures, mais cela ne dépasse pas les 24 heures. Il suffit tout simplement d'en demander. Ce qui n'est pas le cas pour certaines banques.» Au même chapitre, on apprend que la Banque d'Algérie alimente en devises étrangères, toutes les semaines, les autres agences à raison de 3 millions d'euros par semaine. La BADR brasse à elle seule plus d'un million d'euros puisqu'elle assure le règlement des retraités immigrés. Viendront ensuite la BNA, la BEA et la BNA avec 500 000 euros. En clair, par ces témoignages, il s'avère que quelques banques ne font pas d'efforts pour solliciter la centrale… C'est une autre culture bancaire inculquée aux banquiers, cette fois-ci, qui s'impose pour faciliter la tâche aux demandeurs.