L'Union pour la Méditerranée est à l'agonie en attendant au sommet qui se tiendra le mois de juin prochain à Barcelone. La conclusion, doublée 'informations, est celle de Cosimo Risi, conseiller diplomatique du président de la région de Campanie en Italie et enseignant en relations internationales. Il a animé hier après-midi une conférence sur les relations entre l'Europe et la Méditerranée à l'hôtel Hilton d'Alger, à l'invitation de l'Institut national des études en stratégie globale relevant de la présidence de la République. La nouveauté chez l'académicien italien -il a en effet préféré s'exprimer sous cette casquette pour «plus de liberté»- est donc un sommet des chefs d'Etat et de gouvernement qui se tiendra au mois de juin à Barcelone, en Espagne. C'est en effet la capitale catalane qui abrite le secrétariat général de l'Union pour la Méditerranée depuis quelques mois. Mais avant d'en arriver à cette entité (UPM), le conférencier a tracé l'historique des relations entre les pays européens et la Méditerranée. C'est ce qui est communément appelé «la politique méditerranéenne» de l'Europe. Il remonte même jusqu'à l'ère de la communauté européenne dans les années 1960. «La politique méditerranéenne de l'Europe a toujours existé, mais elle était basée sur les relations bilatérales. L'approche multilatérale des relations entre les pays de l'Europe et la Méditerranée n'est apparue qu'à partir du processus de Barcelone, en 1995», a indiqué Cosimo Risi. Seulement, insiste-t-il, malgré la nouvelle donne, l'approche bilatérale a «survécu au processus de Barcelone». Ce processus, lancé en grande pompe, n'a absolument rien donné. Ni pour les pays du Nord ni pour ceux du Sud. Il a même avoué que l'Union européenne s'est plutôt tournée vers l'Est à un certain moment, délaissant ainsi les voisins du Sud. Ce changement de cap est dicté, selon lui, d'abord par l'adhésion imminente (rendue effective en 2005) de plusieurs pays de l'ancien bloc de l'Est à l'Union européenne. Mieux, des douze nouveaux pays ayant adhéré à l'Union européenne, seules Malte et Chypre relèvent de l'espace méditerranéen. La situation est donc restée bloquée jusqu'à 2007, année de l'élection présidentielle en France. L'un des projets novateurs prônés par Sarkozy, d'abord comme candidat, puis comme Président, était justement de créer une Union pour la Méditerranée. L'idée emballe. Elle a vite suscité l'adhésion des deux pays directement concernés, à savoir l'Espagne et l'Italie. Mais au fur et à mesure que l'échéance approche, l'initiative française se heurte à un vrai problème : les autres pays de l'Union européenne, tout comme la Commission elle-même, refusent de laisser un seul pays décider d'une politique stratégique. C'est ainsi qu'avec l'opposition de l'Allemagne, le projet prôné au départ par la France devient un projet de l'Union européenne, avec, bien sûr, des ambitions à la baisse. Et la suite est connue, poursuit Risi, puisque l'élan enclenché lors du sommet de Paris en juillet 2008 est vite stoppé par l'agression israélienne contre Ghaza en décembre de la même année. Cela dit, le conférencier admet que cette initiative de l'UPM est bénéfique, puisqu'elle ambitionne de créer des projets concrets, financés essentiellement par l'Union européenne à travers la Banque européenne de développement. Mais en même temps, précise-t-il, cette politique est toujours bloquée suite à l'arrêt du processus de paix au Moyen-Orient. Toute la problématique est à ce niveau. Pour conclure, le diplomate italien affirme : «L'UPM est un acquis. Mais on peut mieux faire.» A. B.