Photo : A. Lemili De notre correspondant à Constantine A. Lemili Les enfants resteront très certainement ballottés entre les décisions des «grands», ceux qui n'arrêtent pas de se faire la guerre dans les établissements scolaires. C'est-à-dire les enseignants via leurs syndicats ou inversement et le ministère de l'Education nationale et son armada de directions qui représentent les pouvoirs publics. Dès dimanche dernier, la présidente d'une association culturelle annonçait la couleur : «Non, nous ne prévoyons rien pour ces vacances. Ou, plutôt si, de donner des cours de soutien aux enfants membres de l'association.»Voilà donc ! Pour ladite association le programme est clair et il a le mérite, et c'est sans doute discutable à tous les points de vue, de chercher à faire plus dans l'utile que l'agréable. Et ne voilà-t-il pas qu'«otages à peine libérés» par les protagonistes d'un conflit social, ces mêmes enfants sont autrement sanctionnés puisqu'ils ne pourront pas s'adonner aux activités auxquelles ils pensaient, réflexe pavlovien oblige, quand les vacances arrivaient.Du côté des officiels, il n'est pas question de baisser les bras et de laisser la place à la fatalité. Tout feu tout flamme, M. Foughali, directeur de la culture de la wilaya de Constantine, nous dira, au téléphone, toute la richesse du programme prévu durant les vacances de printemps. Mieux, lui, préfère ne pas rester scotché aux activités purement conjoncturelles comme «le printemps théâtral» rituel même si cette manifestation constitue malgré tout et pour tout le monde le point d'orgue des «spécialistes et autres professionnels».Bien entendu, il relevait de l'art le plus difficile pour notre interlocuteur de meubler notre entretien, sur le sujet précis que pourrait être le programme, sinon un programme consistant pour les enfants. A moins de nourrir son argumentaire sur le démarrage de la semaine du théâtre professionnel, voire de l'ensemble des activités annuelles prévues ou encore des projets envisagés par le ministère de la Culture, lesquels, comme tout le monde le sait déjà, resteront évidemment au stade de projet. Heureusement que la génialité des petits Algériens va assurer la suite des évènements et qu'à défaut de nourrir leur esprit, ils vont s'adonner, pour certains, à d'homériques parties de football dans les terrains vagues ou taquiner l'étourneau avec un lance-pierres de fortune pour d'autres.Juste pour savoir, nous avons sollicité le responsable de la communication du Centre culturel français, habituellement prompt à occuper les espaces délibérément ignorés par les responsables locaux, pour savoir s'il s'y préparait une activité ponctuelle pour les enfants. Toutefois, là aussi nous saurons que le CCF avait déjà donné après avoir organisé «deux spectacles pour les enfants (contes) et d'ailleurs même pour les adultes, il y a deux semaines» sans qu'il soit envisagé d'activité spécifique au cours des vacances prochaines.Paradoxalement, c'est plutôt du côté des maisons de jeunes qui n'auront jamais aussi bien porté leur titre que jaillira la lumière. Par la secrétaire de la maison des jeunes Ahmed Saadi implantée dans l'une des cités les plus importantes socialement, en l'occurrence Filali, que nous avons jointe au téléphone, nous avons eu l'agréable surprise d'apprendre qu'une «réunion regroupant responsables et animateurs venait de prendre fin à l'instant. Directives : préparer un programme d'activités artistiques et culturelles toutes natures confondues pour toute la durée des vacances (15 jours)». Notre interlocutrice tiendra à souligner : «Nous n'avons jamais failli durant les vacances scolaires, d'autant que tout plaidait pour que la maison des jeunes n'échoue en aucun cas dans la prestation de spectacles à l'endroit des enfants, compte tenu de l'engouement enregistré régulièrement auprès de ladite population. Nous vous en donnons pour preuve l'affluence quasi régulière de plus de 500 enfants alors que la salle ne peut en contenir que 300.» En gros, les jours se suivent et se ressemblent à Constantine. Globalement, la culture reste en panne même si, à la limite du militantisme, une poignée de personnes, dont des responsables, s'évertuent à créer une animation au profit d'une catégorie précise de la population, femmes, enfants, handicapés, etc. Alors, sans remettre aucunement en cause les intentions du directeur de la culture et surtout la débauche d'énergie qu'il n'a cessé de déployer pour animer la cité, paraphrasons-le, «la ville des Arts et de la Culture», ce ne seront pas des spectacles qui serviront à noircir des feuilles blanches et établir des rapports mensuels d'activité qui feront éternellement illusion.