Dans son rapport bisannuel sur «l'état des villes dans le monde 2010-2011», le centre des Nations unies pour les établissements humains (habitat) affirme que la croissance économique a permis, depuis 10 ans, à près de 250 millions de personnes de quitter les bidonvilles. Mais ceux-ci continuent de se développer en raison d'une démographie galopante et de l'exode rural. Près de 3,5 milliards de personnes -soit un être humain sur deux- vivent en zone urbaine. Aujourd'hui, 827,6 millions de personnes habitent des taudis et des bidonvilles, soit une hausse de 55 millions. «En dix ans, la situation s'est améliorée, mais malheureusement durant la même période l'augmentation nette des pauvres urbanisés est de 55 millions», note la directrice générale de l'habitat. Ce chiffre devrait continuer à croître d'environ 6 millions par an et flirter avec la barre des 900 millions en 2020, si des «mesures radicales» ne sont pas prises dans l'immédiat, avertit l'ONU-Habitat. Or, la croissance urbaine est plus rapide que le taux d'amélioration des conditions des bidonvilles. Les efforts visant à réduire le nombre d'habitants des taudis ne sont «ni satisfaisants ni suffisants», révèle le rapport, qui souligne que «la fracture urbaine est plus inacceptable que jamais». Toutefois, «il existe des pays qui, tout en grandissant et se développant économiquement, parviennent à réduire la proportion de leur population qui habite dans les bidonvilles. C'est un message très important pour le monde en développement», estime un responsable de l'ONU-Habitat. Trait commun à tous ces pays : ils ont entamé leurs efforts d'éradication des bidonvilles et des habitats précaires il y au moins 10 ans, plus sûrement 15 ou 20 ans. C'est le cas de l'Algérie qui a mis en place une politique d'éradication des bidonvilles depuis près d'une décennie, avec différents types de programmes de construction de logements. Mais, il y a loin de la coupe aux lèvres. Car l'élimination des bidonvilles se fait sur fond de crise de logement persistante. La demande dépasse de très loin l'offre. Construction et distribution de logements s'apparente au rocher de Sisyphe. De plus, se pose le problème du foncier. L'écrasante majorité des demandeurs de logements veulent habiter en zone urbaine, vœu impossible à satisfaire vu le manque de terrains constructibles, voire leur inexistence. Il s'agira donc de promouvoir l'habitat en zones suburbaine et rurale. La solution résiderait dans le désenclavement des zones rurales, la construction de couronnes urbaines (villes satellitaires) autour des grands centres urbains (villes-mères) et la mise en place de réseaux de liaisons qui faciliteraient le déplacement rapide des personnes d'une zone à une autre. Evidemment, l'atout devra être la qualité de l'habitat et de l'environnement. Le citadin habitant une ville satellitaire ou le rural ne devront pas se sentir isolés et ressentir la nécessité d'«aller en ville», car ils ont tout ce dont ils ont besoin à portée de main. Et si l'envie les en prend, ils devraient pouvoir le faire rapidement. H. G.