Photo : S. Zoheir Par Y. Bouarfa Le sport universitaire s'était assigné, il y a quelques mois, à l'issue de journées de concertation qui ont regroupé la famille universitaire dans toutes ses composantes, de se donner les moyens de reconquête et de relance de la discipline au sein des campus. Les conclusions et les recommandations issues de ces assises, saluées par tous les amoureux du sport, étaient perçues comme le tableau de bord idéal susceptible de mettre sur la voie de la performance et du succès le sport universitaire. En plus de la récurrente question des moyens et des infrastructures, ces recommandations prévoyaient, entre autres, la prise en charge des petites catégories parmi les lycéens qui rejoindront l'université après le baccalauréat, le recrutement de techniciens de haut niveau pour les équipes nationales masculines et féminines en vue d'une place au podium lors des échéances internationales. Pour y arriver, la volonté n'a d'ailleurs pas fait défaut auprès des autorités avec l'option de rénovation des structures. Sur le plan des ressources humaines, le choix porté sur certaines figures mblématiques du sport, paraît le bon. Mais, si sous la férule de ce technicien algérien la mission initiale a été atteinte avec des places sur le podium du RIJA et de l'ASUC EPAU (hand-ball et basket-ball) et une participation aux joutes internationales, le réveil a toutefois été brutal par la suite. Pour la simple et unique raison que les jalons posés pour atteindre cet objectif ultime ont été biaisés. L'éviction de certaines personnalités sportives en plein processus et la remise en projet, ce n'est qu'un épiphénomène à côté des nombreux ratés relevés dans la préparation des sportifs à la veille des compétitions officielles. La brusque mise à l'écart de l'ancien coach national de basket-ball universitaire ou encore les nombreux forfaits de clubs dans les compétitions internationales -la liste n'est pas exhaustive- sont autant d'illustrations de l'échec des politiques mises en place. Sans compter le manque de régularité des championnats et les changements. Pourtant, on s'est échiné à croire au miracle malgré des préparations plus qu'escamotées à la veille de campagnes internationales. Résultat des courses : le sport universitaire, toutes disciplines confondues, a dû payer le prix fort de ces impondérables en récoltant les pires résultats. En dépit de l'absence chronique de clubs champions dans les compétitions continentales, l'Algérie brillait aussi par son absence dans les joutes féminines, préalable pour assurer une présence continue. Mais dans cette catégorie, le réalisme semble plutôt, depuis deux décennies, du côté des autres. La Tunisie s'est également illustrée par un investissement tous azimuts dans les compétitions africaines de clubs et surtout dans les sports individuels tels que la natation, le tennis, l'athlétisme, la gymnastique, le judo ou l'escrime. La preuve par quatre a été démontrée lors du dernier Championnat du monde au cours duquel la Tunisie a pour le moins marqué sa présence par son nageur universitaire, le champion olympique et champion du monde du 1 500 mètres nage libre Oussama Mellouli (JO de Pékin 2008 et CM de Rome 2009). Ainsi, il est devenu le premier champion olympique tunisien en natation et le second médaillé d'or après l'athlète Mohamed Gamoudi en 1968 (5 000 et 10 000 m). D'autres nageurs tels que Taki Mrabet, qui a participé le week-end dernier à Nancy (France) au meeting international de la Fédération française de natation (FNF), a été le seul nageur à se mettre en évidence en terminant à la seconde place sur deux épreuves : 200 m et 400 m 4 nages. Le sport scolaire et universitaire féminin n'attire plus les foules Le bilan sportif universitaire féminin n'est pas des plus glorieux. Le sport serait une affaire d'hommes, de pouvoir et de rapports physiques plutôt violents. Il faut également tenir compte des contraintes de l'entraînement sportif : concilier vie professionnelle, vie familiale et sport est sans doute encore plus difficile pour les femmes que pour les hommes. De façon générale, les hommes dominent en effectifs les sports : dans 15 disciplines, ils sont au moins trois, voire quatre fois plus nombreux que les femmes, à commencer par le football, le body-building et la boxe où les femmes sont très peu présentes. Certes, ces sports leur ont été ouverts récemment, le football officiellement en 1996. En revanche, les femmes sont représentées en force (78% en moyenne) dans trois activités : la gymnastique, la danse et les sports collectifs. Consignées dans un document, oublié depuis dans les tiroirs, les difficultés relevées ont été passées en revue afin de leur trouver des solutions. Moins nombreuses que les hommes à pratiquer du sport, les femmes, lorsqu'elles ont une activité professionnelle ou au foyer conjugal, le font très fréquemment en dehors des clubs et des associations. Les sports auxquels elles s'adonnent le plus souvent expliquent cette situation, par exemple la gymnastique, la natation ou le vélo. Adhérer à un club ne signifie pas être titulaire d'une licence sportive. Environ deux tiers des personnes déclarant appartenir à un club ou une association sont effectivement licenciées et possèdent en moyenne une licence. Etre membre d'un club ou d'une association n'implique pas de participer à des compétitions : sur 100 pratiquants sportifs appartenant à un club, 55 participent à des compétitions. Là encore, les différences de comportement entre les femmes et les hommes peuvent être soulignées : dans les clubs, un tiers des femmes et deux tiers des hommes participent à des compétitions. Les femmes adhérant moins souvent à un club que les hommes ne représentent que le quart des compétiteurs, alors qu'elles constituent 40% des effectifs en club. Pour revenir au sport en milieu scolaire et universitaire, nous dirons qu'il n'attire plus les foules. C'est pour pallier cette carence due à un ensemble de facteurs que les responsables du sport universitaire et scolaire ont tenu un atelier de relance pour trouver l'antidote approprié à l'activité phare sportive algérienne des années 1970. Jadis fer de lance du sport national, la Fédération algérienne des sports scolaires et universitaires (FASSU) est mal en point. En lieu et place des grands champions qui en sortaient, c'est le désert. Le FASSU n'est plus vecteur de sportifs qui valaient des satisfactions au pays. L'engouement noté il y a deux ans au Festival national des sports scolaires et universitaires a disparu. Le cross des partis et des APC n'existe plus. L'activité n'a pas eu lieu depuis des lustres. Des irrégularités qui sont de nature à provoquer plus de cassure entre le public et l'événement. Il est moribond, diraient certains. Le sport scolaire et universitaire, jadis démocratisé, passe d'abord par l'école. Celle-ci offre aux jeunes la possibilité de s'initier gratuitement à de nouveaux sports, de se découvrir un goût pour l'un d'entre eux, dans un cadre généralement satisfaisant. Néanmoins, la pratique sportive en milieu scolaire connaît depuis quelques années des difficultés de développement. Les deux organismes en position de promouvoir le sport et d'accroître la qualité de sa pratique, à l'école ou dans les universités, sont la Fédération (FASS) algérienne des sports scolaires et celle des sports universitaires (FASU). Le premier a pour vocation d'organiser avec les jeunes la pratique d'activités sportives, d'assurer les conditions d'une réelle vie associative et de favoriser l'accès aux responsabilités. La FASU, elle, est investie de missions assez similaires mais dans les universités. Le mal du sport algérien est tellement profond que les acteurs en charge de la question ont jugé impératif de mener la réflexion pour faire un diagnostic sans complaisance de la situation. Quid des centres médico-sportifs ? Il existe quelques-uns en Algérie et représentent un outil primordial pour assurer le suivi des athlètes afin que ceux-ci progressent, dans le respect de leur intégrité physique. Leur implantation s'est faite en fonction de la proximité des zones de plus grande densité de sportifs de haut niveau.