Le constat du président du Forum des chefs d'entreprises (FCE) sur les industries agroalimentaires (IAA) en Algérie est peu reluisant. Reda Hamiani a en effet déclaré que les IAA ne sont pas en phase avec la production agricole. Le pays, selon lui, est en retard dans ce secteur puisque 70% de ce que nous retrouvons dans nos assiettes est importé. Cette situation est inquiétante d'autant que «nous avons un modèle de consommation qui évolue parce qu'on va vers une grande organisation sociologique de la population». C'est en marge des premières assises nationales des IAA que le président du FCE s'est exprimé sur ce secteur en proie à moult difficultés qui empêchent son véritable développement. Selon Hamiani, «il faut que cette industrie transforme les produits de l'agriculture, malheureusement, nous sommes tout à fait au bout de la chaîne». Dans cette industrie, «il faudrait aller vers l'amont pour qu'il y ait une intégration de la chaîne des valeurs». Et d'avancer l'exemple du sucre, filière où «l'Etat se doit d'être conséquent pour envisager la production de la betterave pour que le produit consommé ne vient pas de l'extérieur». Pour le premier responsable du FCE, «dans la majorité des filières, les activités types de transformation ne sont qu'à la marge». Il dira qu'«il faut à tout prix, dans les prochains plans de développement, qu'on puisse atteindre une intégration en amont de l'ordre de 50% alors que nous ne sommes qu'à 10 ou 15% actuellement». Pour ce faire, «il faudrait qu'un effort conséquent soit fait pour que la transformation s'appuie sur la production locale, ce qui n'est pas le cas», explique Hamiani, estimant «ridicule d'avoir une industrie transversale pour tout mais qui n'arrive même pas à transformer un produit local». C'est le cas, à titre illustratif, du concentré d'orange qui est importé pour produire de la limonade. A cela, s'ajoute l'absence de normes qui s'imposent de plus en plus à travers le monde, souligne le président du FCE. Selon lui, ces normes doivent être présentes à l'esprit dans les deux cas, aussi bien pour la production, si l'on veut exporter, que pour l'importation pour éviter que le marché national ne soit un déversoir de ce qui est produit dans le monde. Sur sa réaction à propos de ces assises et de la stratégie industrielle pour le secteur agroalimentaire, Hamiani dira que les travaux sont de bonne qualité, et les diagnostics bien faits. Ceci étant, ajoute-t-il, il faudrait qu'il y ait un lien plus important avec le monde de la production, chose que nous constaterons peut-être dans les ateliers. Et de signaler qu'à côté de ces réunions institutionnelles il faudrait qu'il y ait des réunions plus actives avec les acteurs sur le terrain. B. A. L'OAIC et les céréaliers en conclave la semaine prochaine Interrogé sur l'évolution du dossier des approvisionnements des transformateurs en blé après l'ultimatum de l'OAIC du stock des céréales, le président du FCE, s'est montré satisfait par la disponibilité du ministre de l'Agriculture et du Développement rural à absorber le problème. «Le ministre s'est imposé comme une véritable tutelle en conviant tous les acteurs à se retrouver pour solutionner le problème. C'est cette approche que nous préférons de loin», a-t-il noté. Une réunion entre les transformateurs et l'OAIC est prévue la semaine prochaine, nous a annoncé dans ce sillage Reda Hamiani. Pour l'instant, dit-il, «il y a des efforts qui doivent être faits des deux côtés, par l'OAIC et par les céréaliers, qui doivent penser en priorité, chacun en ce qui le concerne, à l'intérêt du pays puisqu'il ne s'agit pas de jeter ces stocks à la mer. Les céréaliers vont demander un effort à l'OAIC puisqu'il y a des problèmes de qualité qui se posent». Le FCE, dit notre interlocuteur, «déplore le fait que depuis que l'OAIC existe, il n'a jamais réuni ses clients et donc ce n'est pas par hasard qu'on en soit arrivé là. Il faudrait au moins une politique commerciale de séduction pour vendre et non pas un ultimatum à donner aux transformateurs. Les céréaliers, conclut Hamiani, ont dit qu'«ils vont finir par prendre ce blé mais demandent des arrangements sur la qualité et même le paiement avec, pourquoi pas, de petites remises». B. A.