Acheter des joueurs est peut-être plus facile à court terme mais les conséquences à long terme sont méconnues. A titre d'exemple, lors de l'Euro 2004, la grande équipe de l'Allemagne a eu du mal à trouver un attaquant de pointe car 65% des attaquants allemands sont étrangers. Chez nous, certaines équipes étant jeunes puisqu'elles sont constituées en grande majorité de joueurs issus des petites catégories, benjamins, minimes ou cadets, semblent s'être bien adaptées au changement de catégorie. L'amalgame entre ces joueurs, anciens et nouveaux arrivés au club, s'est bien fait, leur permettant de retrouver la dynamique et l'esprit de groupe des années passées. C'est aussi la politique du club, et beaucoup de jeunes qui y ont été formés ont largement le niveau pour jouer en catégorie supérieure, voire en équipe nationale. Le potentiel qui existe aujourd'hui dans les équipes de jeunes de certains clubs, sans doute les meilleurs clubs formateurs actuellement en Algérie, à l'image du NAHD, du MC Alger et du CRB, incite à l'optimisme. Ayant connu de très belles années, ces associations ont également vécu des moments difficiles. Aujourd'hui, l'avenir du club repose sur la mise en place d'un fonctionnement méthodologique bien défini. Afin que le club formateur se définisse comme sérieux et compétent, des moyens doivent être mis en place pour d'améliorer sa situation actuelle. Tout en respectant les vertus de la pratique du football (intégration sociale, citoyenneté, formation morale, apprentissage des règles de vie…), il nous semble important que le club producteur de talents atteigne rapidement l'élite des compétitions régionales dans chacune de ses catégories. Ces projets, que certains clubs vont mettre en pratique, semble être la meilleure solution pour redynamiser le club et éviter la chute qu'on lui promet si rien n'est mis en place. Quelle est la valeur exacte de ces jeunes joueurs ? En existe-t-il en nombre dans les sélections nationales de jeunes ? Les vrais espoirs peuvent-ils travailler sereinement quand certains de leurs coéquipiers, peut-être moins talentueux, sont l'objet de toute l'attention des médias ? A-t-on vraiment confiance en eux dans leur club ? Par conséquent, même si certains joueurs ne sont que des jeunes, au moins deux d'entre eux, voire trois comme l'exigent les règlements de la FAF, ont joué régulièrement avec cette équipe séniors pendant la saison. Et dans le pire des cas, cela fait 3 joueurs sur un groupe de 22, qui comportait en outre un bon nombre de jeunes espoirs qui, eux, ont tenu la baraque en état. Quelle est la politique des clubs concernant les jeunes talents ? Pourquoi ces jeunes joueurs n'arrivent-ils pas à se faire un nom pour des raisons sportives quand ils y arrivent très bien en montrant leurs abdos ? Nous avons aussi discuté avec les membres du bureau des clubs, entre autres, de la possibilité de restreindre les effectifs pour que les gros clubs acheteurs ou chapardeurs n'utilisent pas seulement leurs joueurs formés localement pour garnir le banc de touche. En Europe, des décisions pourraient, si le congrès de l'UEFA qui aura lieu en avril prochain donne son accord, entrer en vigueur au début de la saison prochaine. Nous savons que cette mesure à elle seule ne garantira pas la manière dont les jeunes sont utilisés dans le football européen, mais nous sommes persuadés que nous sommes sur la bonne voie. MC Alger, NAHD, et CRB, les clubs de foot à l'avenir assuré Les jeunes sont encore nombreux cette saison au MC Alger, au NAHD et au CRB. Avec pas moins de sept à huit jeunes à chaque rencontre, ces trois associations sportives ont su rebondir et préparent déjà la relève. Leurs coaches sont déjà des entraîneurs heureux. Les associations sportives grossissent leurs effectifs et ne manquent pas d'ambition. Amoureux du football depuis toujours, Alain Michel ou François Bracci sont arrivés au sein du MC Alger pour lui redonner une assise. On leur propose de lancer des jeunes et de les encadrer par des anciens. A cette époque, seuls quelques jeunes joueurs font partie de l'équipe et ceux-ci demandent plus de temps de jeu pour se mettre en évidence. L'année suivante, pas moins de huit joueurs ayant remporté le triplé dans la catégorie des cadets, il y a de cela quatre années, se sont retrouvés en équipe fanion seniors cette saison. Il s'agit de Slimani (20 ans), Kabla (20 ans), Amroune (20 ans), Abirene (20 ans), Essaïd (20 ans), Bedbouda (19 ans), Moumen (19 ans) et Bensalem (19 ans). C'est certainement une première dans les annales du football algérien où un club a réussi à intégrer autant de jeunes joueurs de 20 ans et moins en équipe première. Et si l'on ajoute Daoud (21 ans), Bouchama (22 ans) et Koudri (23 ans), qui sont de potentiels titulaires, on s'aperçoit que le nombre a atteint onze joueurs issus des jeunes catégories du doyen, soit plus d'un tiers, qui forment le club. Pourquoi chercher donc ailleurs ce que l'on a chez soi ? De nouveaux joueurs, venus notamment des communes voisines, sont recrutés et viennent alors grossir le groupe. L'aventure sportive peut alors commencer. Après un début de saison difficile, l'équipe du MC Alger retrouve ses marques et remporte victoire sur victoire pour devenir un prétendant sérieux au doublé. L'association sportive du MC Alger compte désormais vingt-quatre jeunes joueurs licenciés de catégorie des U13, U15 et U17, ce qui permet d'envisager très sereinement la création d'une équipe U19 l'an prochain. Le renfort en joueurs U17 est déjà programmé grâce au soutien du nouveau président Mohamed Djouad et de l'équipe de dirigeants, l'avenir sportif de ces jeunes s'annonce sous les meilleurs auspices. Les Mouloudéens envisagent également la création d'autres écoles de football pour les plus jeunes. Afin de participer à ce nouveau challenge, les dirigeants lancent un appel aux amoureux du football. Les éventuels sponsors seront également les bienvenus pour financer cette aventure. Le club recrute également des joueurs pour toutes les catégories afin les former. Le doyen des clubs pourra de nouveau compter sur ces jeunes pour poursuivre l'objectif : remporter les titres. Leader incontesté en division une, les Rouge et Vert ont retrouvé confiance et sérénité grâce à une saison parfaitement maîtrisée. La qualité de jeu et l'envie ont cette fois été accompagnées par une efficacité comptable bienvenue et voilà le club d'algérois avec huit longueurs d'avance (50 pts) et un match en moins sur son dauphinla JSMB (42 pts). L'avenir du club est déjà là Mêmes précautions du côté de Bracci le coach, pour ce qui est des matches à venir, lesquels ne sont qu'une étape pour un groupe qu'il espère encore voir évoluer d'ici la fin de saison : «Malgré leurs difficultés, les Mouloudéens savent poser des problèmes à leurs adversaires. A chaque match, ils ont l'envie de montrer que cette saison est la leur. Il faut se battre, mais ça ne suffira pas. Il faudra encore des points ensuite. On travaille pour assurer la relève le plus vite possible car les dirigeants du club sont persuadés que cette équipe peut ensuite se libérer et montrer sa vraie valeur. Sans ce poids, les jeunes seront beaucoup plus forts.» Douze joueurs issus du centre de formation du MC Alger ont participé cette saison à l'aventure, sans compter l'autre nouvelle vague estampillée Rouge et Vert. Une assurance pour l'avenir selon le manager français : «Nous avons un taux de réussite énorme cette saison au niveau des jeunes qui ont connu des pépins physiques cette saison. Ces joueurs sont l'avenir du club. Ils ont été formés ici, ils représentent l'esprit du club. Ils sont à la maison, c'est très important. Même si nous avons comme prévu payé cette jeunesse, je pense que le public du stade du 5 Juillet a pris du plaisir à voir quasiment à chaque match la moitié de l'équipe alignée issue du centre de formation.» Et ces jeunes le lui rendent bien. Bedbouda, Koudri ou Bouchama n'ont pas hésité, ces dernières semaines, à sauter au cou de leur coach après avoir marqué. Une reconnaissance naturelle pour un entraîneur qui a su gérer et faire grandir à la vitesse grand V son effectif. Bedbouda, la nouvelle coqueluche du doyen dira à ce sujet : «Il nous a lancés, nous lui devons ça. Pour beaucoup d'entre nous, si nous sommes là aujourd'hui, c'est un peu grâce à lui. C'est vrai que, quand il y a un but, nous le remercions souvent... On entend des choses négatives à l'extérieur mais dans l'équipe, il y a une confiance et un soutien total avec l'entraîneur.» Ce jeune joueur est un exemple parmi tant d'autres de cette évolution téléguidée par le staff technique. Aligné, il a su patienter et travailler pour finalement se faire une place dans l'équipe type, à seulement 19 ans. «Ce n'est pas parce que je ne jouais pas à un certain moment que je n'avais pas le niveau. Le coach me parlait souvent pour me permettre de rester concentré et compétitif. Il y a beaucoup de joueurs plus expérimentés que moi à mon poste et j'ai attendu mon tour. Mais rien n'est acquis», conclut Bedbouda. «Actuellement, nous sommes huit joueurs de l'équipe cadette du MCA qui avons raflé un triplé. Nous avons fait ensemble le chemin en cadets et nous voilà en seniors. C'est une chose magnifique et je pense qu'il n'existe pas de clubs qui ont réussi cette performance. J'espère que les autres joueurs qui viennent d'être promus en seniors auront la même réussite pour le bien de l'équipe. Abirene a été sacré meilleur joueur cadet, je pense qu'il est capable de réussir beaucoup de choses avec les seniors. Kabla, Bensalem et Moumen possèdent aussi d'énormes qualités. Je reste persuadé que s'ils continuent à travailler sérieusement, ils auront leur mot à dire au sein de l'effectif actuel du club malgré sa richesse. Notre objectif est d'assurer la relève du Mouloudia. Nous avons remporté le triplé avec le MCA cadets, j'espère que nous allons gagner d'autres titres en équipe première. C'est la preuve que le Mouloudia forme des joueurs», dira-t-il à ce sujet. A. B.