Après les enseignants et les médecins, les communaux remettent ça. La protestation n'en finit décidément pas de paralyser la fonction publique. Les revendications sont quasiment les mêmes à chaque fois. Les fonctionnaires des communes, qui ont entamé hier leur mouvement de grève, réclament, eux aussi, une revalorisation conséquente des salaires afin de compenser, disent-ils, l'usure permanente de leur pouvoir d'achat. Les représentants des grévistes préfèrent parler d'harmonisation de leurs traitements mensuels par rapport à la hausse constante des charges quotidiennes. Une espèce de mise à niveau des revenus par rapport aux dépenses ménagères qui ne cessent d'augmenter. «Le salaire le plus bas se situe présentement à 9 000 DA. Le plus consistant ne dépasse pas les 30 000 DA. La corporation est manifestement sous-payée», précise le responsable de la section du Syndicat national des personnels de l'administration publique (SNAPAP) de Béjaïa. Tout en dénonçant leur «exclusion» des négociations antérieures qui ont abouti à l'adoption des statuts particuliers, les meneurs de la protesta insistent sur la promulgation d'un régime indemnitaire avantageux et sa mise en application immédiate avec effet rétroactif. Il est aussi question d'intégration des travailleurs contractuels au régime de la fonction publique.En somme, ce sont exactement les mêmes griefs, auparavant soulevés par les blouses blanches et les employés de l'éducation, qui reviennent encore une fois sur le devant de la scène.Les antécédents en question auraient pu en principe servir d'exemples aux autorités afin de prévenir cet énième débrayage. Le défaut de dialogue et de communication entre la tutelle et les représentants des salariés est, à ce propos, manifeste. L'absence d'une solide tradition de consultation et de discussion entre les employeurs et les employés exacerbe davantage les problèmes, et accentue ouvertement cette crise de confiance qui semble s'instaurer entre les deux parties. Il est aujourd'hui impératif de briser ce mur de glace qui sépare le travailleur et le patron. Les syndicats et les employeurs doivent, chacun de son côté, changer quelque chose à leurs modes de fonctionnement respectifs pour avoir des rapports mutuels un peu plus harmonieux. Les deux camps s'inscrivent présentement dans une logique de bras de fer qui est évidemment contreproductive.Cela ne concerne pas uniquement la fonction publique, les secteurs économiques, publics et privés, en souffrent également. Pour ces mêmes considérations de salaire et de pouvoir d'achat, une importante entreprise privée, opérant dans l'agroalimentaire, avait récemment licencié une trentaine de salariés qui avaient pris l'initiative de créer une section syndicale. La décision radicale du patron en question qui ne veut pas d'un partenaire en face ne sert pas forcément son entité et son image.D'un autre côté, le renchérissement anarchique des produits alimentaires de première nécessité, qui motivent dans le fond tous ces mouvements de protestation, appelle une meilleure régulation du marché. Ça ne sert absolument à rien d'augmenter les salaires si on laisse le marché en proie à ce genre de dysfonctionnements. La lutte contre la spéculation pour stabiliser les prix constitue la toute première réponse à donner à cette grogne sociale qui se généralise.Le dialogue entre les différents partenaires et la régulation de l'offre sur le marché des vivres, voilà les deux commandements qu'il convient de respecter en priorité. K. A.