Contre toute attente, la justice française vient encore fois de faire des siennes. Le juge en charge de l'affaire Ali-André Mécili, redevenue en raison des luttes franco-françaises affaire Hasseni, s'est illustré mardi dernier par le refus de prononcer un non-lieu en faveur du diplomate algérien. C'est, pourtant, lui qui l'a innocenté. Au même moment, de l'autre côté de la Manche, à Londres, le ministre britannique de l'Intérieur renvoie, pour la quatrième fois, au 30 avril l'extradition du magnat déchu, Abdelmoumene Khalifa. Là aussi, les raisons sont inconnues. Pis, le ministre en charge de l'affaire, Alan Johnson, a juste expliqué que «le dossier est complexe». Pourtant, l'Algérie a fini, après de longues tractations, par céder aux exigences de la justice britannique de fournir toutes les «garanties nécessaires» pour obtenir l'extradition de celui qui est condamné par la cour de Blida à la perpétuité pour, notamment, «association de malfaiteurs, faux et usage de faux». Qu'attendent, en effet, les autorités de Sa Majesté ? Y a-t-il pression des autorités françaises qui, elles aussi, ont réclamé la remise de l'accusé ? Il n'y a pas de réponse précise. Mais il y a tout de même anguille sous roche. Car le dossier est maintenant entre les autorités politiques britanniques et non entre la main des juges qui, eux, ont donné leur feu vert. Sauf que l'affaire coïncide avec une autre «affaire», traitée par une autre «justice», celle de la France. Y a-t-il un lien entre les deux ? Probable. Du côté de Paris, en effet, le juge en charge de l'affaire «Mohamed-Ziane Hasseni» a refusé d'accepter le non-lieu demandé par le parquet. La raison ? Aucune. Pis, on décide que le diplomate, qui s'est soumis à toutes les exigences des juges français, devient désormais «témoins assisté». Etrange qualification pour un juge qui n'a même pas pris la peine de préciser que l'homme est désormais innocent. Puisque, c'est cela le sens de cette décision. Difficile, en effet, de ne pas voir une main politique dans cet imbroglio judiciaire. Est-ce une manière pour Paris de faire pression sur Alger ? Possible, d'autant plus que ces derniers temps, les messages négatifs de Paris ne manquent pas : affaire Tibhirine, «relecture de l'histoire» et… tentatives d'immersion dans le Sahel. Là aussi, l'odeur de l'argent y est certainement pour quelque chose. Surtout pour un président, Nicolas Sarkozy, qui a presque tout perdu sur le plan interne. A. B.