L'effacement des dettes des agriculteurs se fait attendre. Plus d'une année après l'annonce de la décision prise par le président de la République, l'opération avance à pas de fourmi puisque peu de dossiers ont été traités à ce jour. La cause se situe peut-être au niveau de l'établissement des listes qui ne fournissent pas les renseignements devant servir de base de travail au ministère des Finances. Dans leur empressement, la Chambre d'agriculture et l'Union nationale des paysans algériens n'y ont inscrit que les noms des agriculteurs concernés sans les autres indications nécessaires. Ce qui complique la tâche du département des Finances qui doit mener des investigations plus complètes auprès des Chambres régionales d'agriculture et de l'UNPA, sur la date de l'octroi des prêts, sur leur nature et sur l'activité des paysans. En attendant que leurs dossiers soient finalisés et qu'ils puissent bénéficier de cette mesure, les agriculteurs s'arment de patience et, surtout, font face aux rumeurs qui circulent à propos de l'épuration d'une première «fournée» de listes. Chose mal aisée pour tous ceux qui attendent d'être enfin délivrés du fardeau de la dette. Mais la bureaucratie n'est certainement pas étrangère à ce retard dans le traitement des dossiers en question, d'autant plus qu'il ne s'agit pas que d'un seul intervenant et qu'à ce titre, il ne peut qu'y avoir un enchevêtrement dans les activités des parties. Ce qui complique davantage la mise en application de la mesure portant sur l'effacement des dettes des agriculteurs. Le secteur de l'agriculture aurait tout à gagner si les différents intervenants accélèrent la cadence pour apurer les dossiers et libérer les paysans de ce boulet qu'ils traînent encore aux pieds. Il aurait donc tout à gagner puisque son assainissement lui permettrait d'accroître les résultats déjà obtenus. Il faudra également débarrasser ce même secteur de tous les spéculateurs qui, par leur vampirisme, anéantissent les efforts des agriculteurs et accaparent le fruit de leur long travail. C'est la responsabilité des pouvoirs publics qui doivent tout mettre en œuvre pour que cesse l'affront fait à la terre et aux paysans par des gens sans foi. Et pour que le consommateur ne soit plus pris en otage. Est-ce une utopie que d'y croire ? Il y a lieu de s'interroger également sur l'attitude des pouvoirs publics par rapport aux agriculteurs qui se sont astreints à des sacrifices et qui ont remboursé leurs dettes rubis sur l'ongle bien avant la mesure décidée par le président de la République. Ce qui les a incités à réagir et à réclamer le même traitement. R. M.