Les pouvoirs publics reprennent graduellement le contrôle du secteur du transport terrestre de voyageurs. Le bien-fondé des revendications émises par les usagers aux quatre coins du pays ont, semble-t-il, fini par convaincre les autorités concernées. En décidant de réactiver les régies communales de transport urbain et suburbain à travers toutes les wilayas, l'Etat se donne concrètement les moyens de régulation nécessaires pour garantir un service public de qualité à l'ensemble des citoyens. L'expérience du «tout privé» a montré ses limites depuis longtemps, car le monopole concédé aux opérateurs particuliers depuis le début des années 1990 n'a pas débouché sur la saine concurrence tant souhaitée et les améliorations qui vont naturellement avec. Les syndicats et les organisations patronales, qui ont été créées depuis, ont effectivement et exclusivement focalisé sur les intérêts matériels de la corporation sans prendre la moindre initiative au profit de l'usager. Aucune charte déontologique, par exemple, n'a été esquissée pour protéger les droits de l'utilisateur. La hausse constante des tarifs, le non-respect des horaires et des règles élémentaires du métier et l'absence de professionnalisme étaient autant d'insuffisances et de dysfonctionnements constatés dans ce domaine vital. Il est clair que le déplacement quotidien des personnes, pour aller à l'école ou au travail, constitue un service stratégique qui joue un rôle déterminant dans les économies modernes. Un peu partout à travers le monde, les usagers et les associations de consommateurs ne cessent de réclamer plus de confort, davantage de performance et une amélioration constante des prestations. La diversification des moyens de locomotion, la sécurité et la professionnalisation de ce service vital, à travers l'implication directe des pouvoirs publics, figurent aussi au bon endroit parmi les doléances, exprimées çà et là à ce sujet. Dans les pays dits développés, les municipalités investissent beaucoup dans ce créneau juteux pour, à la fois, renflouer leurs caisses et avoir une marge de manœuvre dans l'équilibrage du marché. En faisant de cette activité un moyen d'engranger le maximum de profits, l'opérateur privé suscite à chaque fois l'ire de ses clients qui mettent en avant de nombreux manquements, dont la disponibilité, la vétusté des véhicules, le tarif disproportionné par rapport service offert ou tout simplement l'insécurité. Autant de réclamations brandies de vive voix par les usagers du transport routier en Algérie, depuis la libéralisation totale du secteur. Maintenant que l'Etat s'est décidé enfin à réinvestir dans ce secteur, les établissements publics reconstitués à cet effet doivent absolument moderniser leur management pour ne pas retomber dans les erreurs du passé. Les gérants de ces organismes sont appelés à rentabiliser les équipements qui leurs sont octroyés à travers une gestion transparente et un contrôle quotidien rigoureux. Ils doivent notamment rompre avec les privilèges gracieusement accordés aux uns et aux autres et les petites faveurs qu'on faisait autrefois aux connaissances et aux proches parents. La chose publique appartient à tous les citoyens et, à ce titre, on ne doit plus en disposer comme d'un bien personnel. Tout usager, quel que soit son statut, doit payer son trajet. La pérennité de ce service public est à ce prix. K. A.