Le handisport est la seule discipline sportive qui fait preuve d'une constance sans faille dans les résultats. Depuis plusieurs années déjà, il n'y a pas une compétition internationale à laquelle prend part l'Algérie où nos athlètes ne s'illustrent. Il n'y a qu'à voir les réalisations du handisport algérien dans les différentes éditions des jeux Olympiques. Pourtant, ces sportifs et sportives manquent énormément de moyens, comparativement à ce qui est offert aux autres disciplines. Pis, hormis chez quelques clubs huppés, le handisport est pratiquement inconnu dans une large partie des localités algériennes. Au niveau local, le handisport ne bénéficie d'aucun soutien ou prise en charge conséquente. Pour revenir aux résultats de la sélection nationale, les athlètes algériens ont décroché la 31e place au classement général sur un total de 204 pays lors des jeux Paralympiques de Pékin (Chine) 2008. La moisson de l'Algérie fut de 4 médailles en or, 3 en argent et 8 en bronze. Pourtant, le handisport algérien ne s'engage que depuis peu à ces Jeux. La première participation remonte à 1992 (Barcelone). L'Algérie, qui s'était engagée en athlétisme et en goal-ball, s'était classée 56e sur 83 pays participants. Peu d'athlètes algériens avaient participé à l'époque où aucune médaille n'a été décrochée. Mais, quatre années plus tard, en 1996, à Atlanta (Etats-Unis), les représentants algériens ont pu décrocher sept médailles (2 or, 2 argent et 3 bronze) et une 40e place mondiale sur un total de 104 pays participants. C'est là que les Algériens ont découvert Mohamed Allek qui, à lui seul, a remporté l'or au 100 m et au 200 m, avec à la clé deux records du monde (12''03 et 24'' 32). Depuis, la sélection algérienne n'a cessé de briller. En 2000, à Sydney, (Australie), l'Algérie a fait mieux en se classant 38e sur 111 nations. Allek a décroché trois médailles d'or et a battu deux nouveaux records. Cette marge de progression a encore évolué à Athènes, en Grèce, où l'Algérie a arraché une 25e place mondiale sur 135 nations. A cette occasion, de nouveaux athlètes de haut niveau ont émergé, tels Samir Nouioua et Nine Messaoud. Tout cela démontre, à bien des égards, que le handisport algérien est, depuis son lancement sur le plan international, en nette progression, pour peu que les moyens soient mis à la disposition des athlètes. Avec beaucoup d'engagement et de hargne, les Allek, Nouioua et les autres font hisser, à chaque occasion, le drapeau algérien dans les plus grands rendez-vous mondiaux. Seulement, sur le plan de la prise en charge, les athlètes du handisport sont pratiquement les moins nantis. Il est à relever que ceux-là, au vu des résultats réalisés et du potentiel existant, méritent beaucoup plus en termes de prise en charge. Avec près de deux millions de handicapés, le nombre de «licenciés» aurait dû être assez important. Sur le site Internet de la Fédération algérienne de handisport (FAH), qui, faut-il le rappeler, fournit beaucoup d'efforts en la matière, il est indiqué qu'il y a 29 ligues de wilaya. Ce qui voudrait dire qu'il existe environ un tiers des wilayas qui ne disposent pas de ligue. A titre d'exemple, on peut citer le cas de la ligue d'Alger. Si la capitale compte, globalement, près de 40 000 handicapés, il n'y a que 1 167 athlètes (adhérents à la ligue). Ce qui représente un taux de près de 2,5%. La Ligue d'Alger compte à ce jour 19 associations sportives (CSA) et 9 centres médicaux pédagogiques (CMP), selon le site Internet de la Ligue algéroise. Un nombre, somme toute, qui-peut-être qualifié de dérisoire, si l'on prend en compte le potentiel existant. Il est clair que la FAH ne peut rien sans l'implication de plusieurs parties dont les autorités locales. Des communes dépourvues de «gros budgets» trouvent le moyen, pourtant, d'allouer de «grosses sommes» au football, alors que les autres disciplines sont complètement délaissées. La chose est encore plus compliquée pour le handisport. Il n'existe pas de localité où il n'y ait pas de handicapés, donc, un potentiel pour la création d'un club sportif. Le même constat peut être établi au sujet du sponsoring. La majorité des entreprises qui ont l'habitude de financer des clubs sportifs ne s'intéressent, d'une manière générale, qu'au football. Rares sont celles qui sponsorisent des clubs de handisport. Il est vrai qu'avant tout le sponsoring est une question de marketing, et donc, de rentabilité, mais c'est aussi une question de «mentalité». En dernier lieu, il est utile de signaler que les autorités locales auront tout à gagner en favorisant et en soutenant les athlètes de handisport. En plus, bien sûr, de l'aspect social de la chose, ces athlètes ont démontré à maintes reprises qu'ils sont capables de donner le meilleur d'eux- mêmes et de réaliser les meilleurs résultats pour peu qu'ils bénéficient d'un minimum de moyens. A. A.