Photo : A. Bouakba De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi Constantine collecte assez de sang et en donne même aux wilayas limitrophes. Le mérite revient en premier lieu aux bénévoles qui ont fait de cette ville une capitale généreuse», affirme-t-on dans le milieu hospitalier. Avec ses quelque 34 000 dons par an, Constantine est considérée comme la première ville d'Algérie en matière de collecte. «C'est une contrée généreuse», ajoute-t-on. Cette générosité est effective depuis 2007 et se maintient grâce au concours indéfectible du centre de transfusion régi par la docteur Lynda Boubguira, responsable du sang au niveau de wilaya, mais aussi grâce à la compréhension des citoyens qui n'hésitent pas à se rendre pour faire don de leur sang dans les camions mobiles répartis judicieusement et périodiquement en différents points ciblés, aux alentours des mosquées et cités universitaires notamment. «C'est en fait le secret de la réussite, car 81% des dons proviennent de ces collectes mobiles, autrement dit extra-structures. 52% des donneurs sont des fidèles», dira un responsable du centre de transfusion. Une particularité caractérise les centres à Constantine : le don de sang familial au profit des malades a été suppléé par le bénévolat depuis 2007. C'est ce qui a permis à cette wilaya de constituer une bonne réserve de sang. Mieux, elle en fait même profiter les régions limitrophes. De plus, selon des statistiques récoltées auprès du centre de transfusion, on apprend que 60% des malades ne sont pas de Constantine, ce qui montre que la couverture en besoin de sang est quasi assurée. Demeurant optimiste avec l'ouverture en juin prochain de l'agence régionale de sang à la nouvelle ville Ali Mendjeli, la responsable révèle : «Nous aspirons à augmenter la collecte à 50 000 poches par an», attestant que tous les équipements sont mis en place et le personnel désigné dans sa forme. L'Agence en question se chargera désormais du traitement du sang collecté à travers les structures de Daksi, du Khroub, Erriad… «Elle s'occupera de la séparation et de la qualification du sang. Elle procèdera ensuite à la distribution périodique de ce liquide vital aux différents hôpitaux», explique la docteur Boubguira qui ajoutera que cette nouvelle agence sera reliée par réseaux à toutes les structures sanitaires de la wilaya. «Ce qui facilitera la tâche dans la dotation des établissements», a-t-elle confirmé.En matière de suivi du sang prélevé, elle affirmera que la poche de sang passe par une chaîne et subit un traitement aussi rigoureux qu'efficace. «Le sang est gardé 24 heures en stand-by avant de passer aux différentes analyses biologiques. Des informations post-don sont attendues, car il arrive que des citoyens donneurs oublient avoir contracté une fièvre à la veille de la collecte ou avoir consommé des médicaments», explique le médecin. Par ailleurs, il faut savoir que, sur les quantités collectées, seul le 1/10ème est rejeté en raison d'une détection de virus. Dans ce cas, les hépatites B, C, le virus du sida et la syphilis forment les motifs du rejet. «Si l'un de ces cas est avéré, on convoque le donneur et on effectuera des tests plus avancés pour confirmer la présence ou non d'un éventuel virus», explique la responsable, indiquant que «consécutivement à cela, le malade est orienté vers le service adéquat. Mais ce tri permet aussi de prendre connaissance des maladies qui affectent la population. Soit une information supplémentaire pour les acteurs de la santé publique».S'agissant des moyens mis en place, le CHU a fait peau neuve en matière d'équipement ces dernières années. Un renouveau qui a permis de sérier depuis maintenant 10 ans les dérivés sanguins labiles. Plaquettes, globules rouges et placentas sont ainsi prélevés et stockés séparément pour être distribués rationnellement aux services spécifiques à chaque pathologie. «Cette classification évite l'éventuelle surcharge au malade traité. Une poche de sang traitera trois malades et sauvera donc trois vies», dira la responsable. Toutefois, notre interlocutrice met le doigt sur la rareté des dons en saison estivale. «C'est la période qui nous fait le plus peur. Les départs en vacances fragilisent un peu nos banques», révèle-t-elle. Cette crainte est d'autant plus appuyée ou aggravée par le fait que le mois de Ramadhan coïncidera avec cette période. «C'est par-dessus tout le travail de proximité limité à la sensibilisation et à l'information qui devra garantir un rush sur nos structures en vue d'offrir de son sang.» Pour cela, la direction des affaires religieuses jouera un rôle pivot dans cette campagne aux côtés des scouts. Constantine est, certes, généreuse et a une bonne couverture en sang. Mais le rhésus négatif constitue le talon d'Achille de la banque du sang. C'est un autre appel qui est lancé en direction de la population. «On accuse un manque notamment dans cette formule à rhésus négatif», dira la docteur Lynda Boubguira.