Le réseau des associations de malades chroniques a célébré à sa manière la Journée mondiale de la santé, du 7 avril, marquée un peu partout par les discours «pompeux» et loin de la réalité des officiels. Hier, lors d'une rencontre avec la presse au forum El Moudjahid, le réseau présidé par Abdelhamid Bouallag, qui regroupe des associations de malades chroniques, dont SOS hépatites, l'Association des hémophiles et Nour Doha d'aide aux cancéreux ainsi que la Fédération nationale des insuffisants rénaux ont déploré une situation de plus en plus alarmante et tragique qui touche de près à la santé publique. Les conférenciers ont à ce propos dressé un tableau noir de la situation des malades chroniques. Ils ont dénoncé les conditions précaires de leur prise en charge au niveau des établissements de santé, les ruptures répétées de médicaments, les inégalités d'accès aux soins, ainsi que l'absence et le silence «assourdissant» du ministère de la Santé face aux préoccupations qui minent le secteur de la santé. Selon les statistiques avancées, 38% de la population souffre de maladies chroniques en Algérie. Le porte-parole de la Fédération nationale des insuffisants rénaux (FNIR), M. Mohamed Boukhors, a soulevé les problèmes récurrents des malades, notamment «l'absence du dossier médical, le retard dans la création du fichier national des insuffisants rénaux et la dialyse inadéquate, des conditions sine qua non pour les greffes rénales». Le conférencier a également relevé le retard dans le lancement de l'Institut national du rein de Blida et celui de l'établissement de greffe, en raison d'«une querelle de leadership au détriment du malade qui trouve toutes les peines à se faire soigner dignement». Il a regretté le fait que «les néphrologues ne sont jamais présents dans les structures étatiques. Les néphrologues ne suivent pas le malade, comme c'est le cas dans d'autres pays». M. Boukhors a également dénoncé ce qu'il a qualifié de «mafia de la dialyse». «Les centres privés de dialyse se soucient uniquement d'amasser de l'argent sur le dos du pauvre malade privé de tous ses droits. Le malade est devenu une marchandise», a-t-il ajouté, s'interrogant sur «le silence révoltant des autorités concernées qui laissent faire». «Les décès sont passés sous silence, une connexion corporatiste s'est tissée autour du malade, devenu fonds de commerce juteux pour bon nombre d'affairistes de tous bords, médecins compris», a précisé M. Boukhors. Il a d'autre part évoqué l'inexistence de prothèses artificielles et la non-prescription de l'hormone de croissance aux enfants dialysés, bien que disponible, regrettant que «des malades meurent à cause de la négligence et du manque d'accès aux traitements». Il a estimé que la FNIR travaille avec le professeur Rayane et la Société de néphrologie pour améliorer la prise en charge des malades. De son côté, Mme Samia Gasmi, de l'association Nour Doha a fait part des pénuries répétées de médicaments anti-cancéreux et de réactifs ainsi que du sempiternel problème de radiothérapie. Des problèmes qui continuent de se poser avec acuité et qui font que de plus en plus de cancéreux décèdent faute de soins et de prise en charge. La situation des malades atteints d'hépatites virales et d'hémophilie n'est guère meilleure. Les responsables des Associations d'hémophilie et de SOS hépatites, respectivement Mme Latefa Lamhene et Abdelhamid Bouallag, ont alerté sur l'indicible calvaire des malades dans les structures hospitalières et appelé les pouvoirs publics à intervenir pour mettre fin à leurs souffrances. A. B.