Photo : APS Par Youcef Salami Le Forum des chefs d'entreprise (FCE) est très critique vis-à-vis de la nouvelle politique économique du gouvernement, estimant qu'elle charrie du «blocage» et de «l'illisibilité». C'est la physionomie générique ayant caractérisé une rencontre consacrée à l'entreprise sous le thème : «Quel avenir pour l'entreprise algérienne», tenue hier à l'hôtel El Aurassi. Reda Hamiani, président du Forum, a souligné, dans une synthèse de débats qu'il a faite à la clôture de la rencontre, que la rencontre «m'a plu parce que le FCE retrouve son style», que le débat était «riche, sans langue de bois». Ce débat, c'est pour «combler un déficit entre les décideurs et le monde de l'entreprise, c'est une symbiose entre les décideurs et les producteurs de richesses», a-t-il dit. Et de déclarer qu'il n'est pas normal que les décideurs n'arrivent pas à prendre de décisions, qu'il y ait des clivages entre entreprises publiques et privées. Selon lui, la rencontre d'hier, c'est aussi pour restaurer la confiance. M. Hamiani a ajouté que l'on n'a pas envie d'aller droit dans le mur, que les craintes exprimées au cours de cette réunion traduisent un blocage dans le marché, qu'il y a anxiété dans le monde de l'entreprise vis-à-vis de la nouvelle politique du gouvernement. On a dressé un constat, mis le doigt sur les paramètres qui positionnent notre pays par rapport aux autres pays, a-t-il noté. Reda Hamiani a, par ailleurs, dans un long discours prononcé à l'ouverture de cette rencontre, remonté le temps, mettant en relief l'appui qu'a apporté le FCE à la politique de réforme tracée et mise en œuvre par l'Etat. Il dira que, depuis sa création en 2001, le Forum a fait de la défense des intérêts de l'entreprise algérienne le point nodal de son activité et l'objectif ultime de son mandat. Dans ce sens, a-t-il rappelé, l'organisation dont il est le premier responsable aujourd'hui n'a pas arrêté d'observer les évolutions qui se font jour au sein de notre économie ; elle a accompagné avec un regard lucide l'ensemble des réformes initiées par les pouvoirs publics en faisant part à chaque fois de ses analyses et de ses observations, de manière ouverte, loyale et transparente. Le FCE a appuyé ces réformes quand elles lui paraissaient utiles et a aussi, quelquefois, émis quelques réserves lorsqu'elles lui paraissaient inadéquates, a fait remarquer le président du Forum. Il a cependant mis l'accent sur les incohérences qui caractérisent, aux yeux des membres du FCE, la nouvelle politique économique. Reda Hamiani dira à ce sujet : «Le retour que nous observons chaque jour à des pratiques centrées sur la restriction administrative de l'acte de commerce comme de l'acte d'investir est une fausse solution qui ne fait que limiter chaque jour un peu plus une offre nationale déjà insuffisante tout en favorisant le gaspillage de ressources rares tirées des hydrocarbures, une matière première précieuse mais, pour les générations futures, non renouvelables». Dans son lors de cette rencontre, Omar Ramdane, président d'honneur du FCE, s'est dit, lui, inquiet quant à la nouvelle politique de l'Etat. «Je le suis pour mes activités, en tant que chef d'entreprise, et pour le pays, il y a blocage total, et c'est illisible», a-t-il dit. Omar Ramdane a rappelé que le forum des chefs d'entreprise dont il était le président avait «alerté en temps opportun» les autorités sur la manière dont a été ouvert le marché, sur les négociations et sur la conclusion de l'accord d'association avec l'UE, et, récemment, sur la Zone arabe de libre-échange. «Mais, a-t-il regretté, elles [les autorités] ne nous ont pas écoutés.» Et d'ajouter : «Tout nous incite à ne pas continuer à produire, je suis impuissant, parce que je ne peux pas influer sur le cours des choses.»