Photo : Riad De notre correspondant à Oran Samir Ould Ali L'annonce toute récente de l'introduction du crédit immobilier à taux d'intérêt bonifié a dû faire rêver bien des demandeurs de logement mais les écueils qui handicapent déjà sa concrétisation ont vite fait de tempérer leur ardeur et de les rappeler à cette froide réalité : la mise en application des décrets continuent de souffrir de la lenteur des mécanismes administratifs et de la lourdeur des structures -ici, les banques- chargées de les mettre en œuvre : «Les banques refusent de réceptionner les dossiers, témoignent des demandeurs. Il paraît qu'ils ne savent pas encore comment agir, que tout n'est pas encore très clair. En tout cas, ils demandent un peu de patience.» Les postulants -dont beaucoup sont à la recherche d'un logement depuis des années- ne savent pas à qui s'adresser pour avoir des réponses à leurs questions : Quand pourront-ils déposer les dossiers ? Quelle catégorie de salariés aura droit à la bonification de 1% ? Quelle somme d'argent devront-ils assurer et quel sera l'apport de la banque ? Les demandeurs seront-ils réellement aidés ou devront-ils s'attendre à de mauvaises surprises ? Autant de questions qui taraudent les esprits et auxquelles nul ne semble pouvoir répondre avec certitude. Même les professionnels ne se hasardent pas à expliquer ce nouveau dispositif de crédit immobilier : lors d'une table ronde, organisée la semaine dernière au musée du Moudjahid d'Oran, les représentants de différents établissements financiers ont abordé avec force détails toutes les formules d'aide et de financement de crédits immobiliers sauf celui faisant suite au décret n°10-87 daté du 10 mars 2010. A peine le représentant du ministère de l'Habitat a-t-il indiqué que les textes d'application n'ont pas encore été adoptés, ce qui explique l'état de confusion dans lequel se retrouvent aujourd'hui banques et demandeurs de logement. En revanche, les participants à cette rencontre ont insisté sur la nécessité de réguler les prix des matériaux de construction pour éviter l'éventuelle -et logique- hausse des prix des logements dont la prise en charge incomberait fatalement aux acquéreurs. Il reste que, selon des sources bien informées, le secteur bancaire se prépare activement à la mise en œuvre de ce décret et que des discussions sont menées conjointement avec le Trésor public et le ministère des Finances pour fixer le taux préférentiel qui permettra de déterminer les taux de bonification pour chaque catégorie de logement : «D'après ce que j'ai pu lire dans les journaux, ce crédit me semble très avantageux même si je n'en saisis pas encore bien le fonctionnement», reconnaît Rachid, à la recherche d'un crédit immobilier qu'il pourrait assumer, qui poursuit : «J'ai peur des mauvaises surprises auxquelles d'autres candidats aux prêts bancaires ont été confrontés par le passé : la banque qui refuse d'accorder le prêt, le logement qui n'est pas prêt dans les délais, les coûts qui augmentent selon les prix des matériaux de construction, etc.»Difficile de calmer ces craintes lorsque les souscripteurs au Fonds national de péréquation des œuvres sociales (FNPOS) attendent toujours les clefs de leur appartement ou que les clients de l'AADL en soient réduits à manifester devant le ministère de l'Habitat pour exiger le logement qui leur a été promis voilà… dix ans.