Le facteur humain n'explique pas à lui seul toute l'étendue tragique des carnages routiers dans notre pays. Des experts de la sécurité routière ont relevé ce constat hier lors d'une journée d'étude consacrée à l'infrastructure et la sécurité routière. Ces experts chercheurs ont tous dressé un état des lieux très inquiétant concernant les défauts techniques dont souffre notre réseau routier. De la contraction de la chaussée aux défauts d'aménagement des carrefours en passant par la hauteur inappropriée de la signalisation et le manque d'entretien du bitume, la route et son environnement en Algérie constituent bel et bien un facteur d'accident. Les bilans macabres recueillis chaque semaine par les services de sécurité ne sont donc pas dus uniquement au comportement incivique des Algériens au volant. Plusieurs expertises ont démontré à ce propos que la mauvaise géométrie du tracé, les obstacles latéraux, la configuration des virages génèrent beaucoup d'accidents dans notre pays. Preuve en est, pas moins de 1 000 tués ont été déplorés en 2009 en zones urbaines quadrillées pourtant par des dispositifs de surveillance policière stricte. Ce nombre important de morts s'explique en réalité par la mauvaise qualité des ralentisseurs installés sur les routes. «En Algérie, chacun utilise des ralentisseurs comme il entend. Il n'y a aucune norme respectée dans ce domaine», affirme sans aucun faux-fuyant Himouri Slimane, enseignant-chercheur en sécurité routière à l'université de Mostaganem. Pour sa part, le colonel Bellouti de la Gendarmerie nationale assure que pas moins de 821 points noirs se trouvent sur l'ensemble du réseau routier national. de plus, il semble que les 112 039 km de nos routes supportent très difficilement les 5 millions et demi de voitures qui circulent quotidiennement dans tout le pays. Selon le colonel Bellouti, l'ouverture de nouveaux tronçons de l'autoroute Est-Ouest va permettre de réduire la pression qui s'exerce quotidiennement sur les RN 01, 04 et 05, les routes les plus meurtrières du pays. De nouvelles voies conformes aux normes internationales de sécurité seront donc d'un grand secours dans la lutte contre l'hécatombe routière. Un fléau qui rend tout de même handicapées pas moins de 3 500 personnes chaque année. Il est à signaler que 40% des accidents sont causés par les bus et les taxis. Par ailleurs, selon ce responsable, les accidents de la route ont tué moins de personnes durant le premier trimestre 2010 par rapport à la même période de 2009. Les accidents de la route ont fait 615 morts durant les trois premiers mois de l'année en cours contre 762 durant le premier trimestre 2009, soit une baisse significative de 19,29%. Le nombre de blessés sur les routes a fortement baissé de 30,70%, passant de 9 053 durant les trois premiers mois de 2009 à 6 274 au premier trimestre 2010, selon la même source. Ainsi, d'après la Gendarmerie nationale, de janvier à mars 2010, les routes algériennes ont connu une baisse de 31,11% du nombre d'accidents. Cette baisse serait le résultat de l'application, à partir de février dernier, des nouvelles dispositions du code de la route. Néanmoins, beaucoup de réserves ont été émises par les experts, lesquels considèrent que l'été, saison traditionnelle des accidents, déterminera réellement si cette baisse est effective. Enfin, quoi qu'il en soit, au-delà du volet répressif, l'Etat est appelé à intégrer dans la conception des routes les normes de la sécurité routière. Faute de quoi, plus rien ne pourra arrêter la tragédie. A. S.