«Mon retour au Khroub, vingt-cinq ans après avoir quitté l'Algérie a une dimension affective doublement extraordinaire. Premièrement, parce que je revois des lieux totalement transformés… en bien, est-il besoin de le préciser, et, deuxièmement, parce que je me suis fait accompagner de mon épouse qui tenait à voir de ses propres yeux un village hors du commun au sein duquel j'ai vécu les meilleures années de mon existence.» Ce sont là les propos de Gabriel Buono, un Français, qui, un jour, a décidé de revenir dans une ville où il a eu d'abord à grandir, à enseigner ensuite «à Aïn Bordj où était implantée l'école. C'est sur la route de Sigus», se souvient-il. Il n'insiste pas sur sa qualité d'ancien footballeur au sein de l'Association sportive du Khroub et préfère surtout parler de sa «passion de supporter, resté aux nouvelles du club même après avoir rejoint la France. Difficilement, les premiers temps, parce qu'il fallait me contenter tout juste de ce que me disaient les amis qui rejoignaient l'Hexagone. Avec Internet tout a changé et, maintenant, je ne vous cacherai pas que je consulte régulièrement le site algérien de la Ligue nationale de football, les articles de presse, et je me tiens donc au courant régulièrement de l'évolution du championnat et plus particulièrement du parcours des Rouge et Blanc». Hassan Milia nous dira pourtant que «Gabriel a été honoré dès lors que nous avons su qu'il projetait de venir en Algérie. Il a évolué à la fin des années 50 et début 60 au sein de l'ASK. La preuve en était sur place apportée quand des anciens de la ville allaient brandir une grande photo encadrée de l'équipe fanion sur laquelle figurait Gabriel Buono.» Dans la salle de réception du siège de l'association où régnait une évidente charge émotionnelle, toutes les personnes étaient unanimes à dire «le caractère exceptionnel de l'instant présent et la magie générée par l'initiative». A la tête des représentants de la société khroubie, ancienne et nouvelle génération, le professeur Aberkane, qui en est quelque part la mémoire, n'a pas manqué d'apporter son témoignage sur l'attitude particulièrement humaine et l'attachement de Gabriel Buono à ses racines, lequel, à son tour, très ému du tour que prenaient les retrouvailles, soulignera qu'ils «sont nombreux ceux parmi mes compatriotes qui aimeraient retrouver leurs amis en Algérie, revoir le pays. Aucun de nous n'est aigri ou n'a de rancune comme ne l'ont jamais été naturellement les Algériens». Azzeddine Aït Djoudi échangera quelques propos avec l'invité, abordant forcément la situation actuelle difficile dans laquelle se trouve l'équipe, son interlocuteur restant persuadé que les «chances de maintien sont intactes pour votre équipe. Je crois même que la suite vous est plus favorable comparativement aux autres clubs menacés». Quant à l'équipe nationale, dont Gabriel Buono dit suivre le parcours comme les Algériens, «elle m'inquiète en ce sens que j'ai remarqué qu'elle n'a pas de fond de jeu alors que la qualité des joueurs algériens et leur registre technique ont dépassé les frontières et ont même été un label il n'y a pas longtemps. J'ai beaucoup de crainte pour l'EN lors du prochain Mondial». A. L.