Décidément, les visites des émissaires américains, censées relancer le processus de paix au Proche-Orient, produisent l'effet inverse. La récente tournée de George Mitchell en est une autre preuve, après celle qui a provoqué le refroidissement des relations Etats-Unis/Israël à cause de l'annonce de la construction de nouvelles colonies en Cisjordanie occupée, il y a à peine quelques semaines. Aujourd'hui, deux événements sur le plus important conflit au monde occupent le devant de la scène médiatique internationale. Deux actes qui soulèvent la polémique et attisent les esprits sensibles à la cause. La caractéristique des faits rapportés est à la mesure de l'injustice causée par un acte de colonisation et la démesure de la victimisation du coupable qui se plaint de sa victime. Après l'agression contre Ghaza, où des lobbies se sont évertués à mettre sur un pied d'égalité la mort de soldats de l'armée coloniale et des enfants déchiquetés par des obus d'avion, aujourd'hui, on tente encore de faire diversion sur une actualité rebutante. Alors que l'émissaire américain ne s'est pas encore reposé (physiquement) de sa visite, l'armée d'occupation israélienne vient de commettre un nouveau crime. Ali Ismaïl Ali Souweïti, cadre du mouvement de la résistance palestinienne Hamas, a été assassiné à El Khalil, en Cisjordanie occupée. Quelques mois seulement après celui de Mahmoud Abdel Raouf Al-Mabhouh, à Dubai, un acte réprouvé par l'opinion internationale, Israël ose encore des assassinats politiques. Pendant ce temps, les agressions contre le peuple palestinien redoublent d'intensité, avec la destruction de maisons et les expulsions en nombre. En parallèle, le gouvernement israélien préfère focaliser l'attention des médias sur un dessin animé (en 3D quand même) mis en ligne sur le site du Hamas. Cette vidéo animée montre le père du soldat Gilad Shalit, enlevé par la résistance palestinienne et dont la libération fait objet de négociations, errer dans les rues désertes, la photo de son fils sous le bras. A la fin du dessin animé, le soldat est remis à son père dans un cercueil. Mais ce n'était finalement qu'un mauvais rêve, un cauchemar. En revanche, ce que vit le peuple palestinien dans la bande de Ghaza ou en Cisjordanie n'est ni un cauchemar ni virtuelle. C'est une réalité des plus amères. Or, Israël condamne le cynisme du Hamas, comme elle a humilié l'ambassadeur de Turquie pour une autre fiction. Celle du feuilleton télévisé «le Cri d'une pierre». Comble du cynisme, pendant la visite de George Mitchell, le Premier ministre israélien déclare : «Nous voulons enclencher immédiatement le processus de paix. Les Etats-Unis le veulent aussi. J'espère que les Palestiniens le veulent tout autant.» Comme si les Palestiniens étaient les mauvais élèves de la relance des négociations de paix. Mais qui dénonce ? S. A.