Photo : Riad De notre correspondant à Oran Mohamed Ouanezar Ceux qui ont eu l'occasion de visiter les municipalités de Marseille et d'Oran sont vite frappés par la beauté de leurs centres urbains, mais aussi et surtout par l'étrange similitude de leurs architectures. Pourtant, le bâti du centre d'Oran, en proie à une érosion étrange, est sous la menace d'effondrements périodiques récurrents. Cela, contrairement au bâti de Marseille, qui, lui, est toujours en très bon état et en parfaite santé. Pourquoi un tel contraste entre deux cadres bâtis similaires et pratiquement du même âge ? Selon des spécialistes en urbanisme et architecture, «l'incivisme et l'incompatibilité de la vie citadine avec les us et les pratiques d'une frange de la population ont eu l'effet que l'on sait sur le cadre bâti», note-t-on à ce sujet. En fait, les spécialistes font allusion aux effets dévastateurs de l'exode rural qui a pris acte vers la fin des années 1980 et qui a eu pour conséquence une dégradation du tissu urbain de la ville. L'utilisation abusive de l'eau et l'absence d'entretien ont produit une érosion artificielle et ont eu raison du bâti de la ville. Les conséquences ne se sont pas fait attendre. Plus de 80% des constructions ont été fragilisés et se retrouvent sous la menace d'un effondrement. Sans compter que les vieilles bâtisses peuvent être une menace pour la paix sociale. En effet, il y a seulement deux années, un quartier populaire de la ville d'Oran a été remué par une révolte des habitants qui ont bloqué les rues et défié les services de sécurité. Et pour cause, trois femmes d'une même famille ont péri dans l'effondrement de leur habitation. Une maison qui avait été signalée par ses occupants aux autorités compétentes, qui n'ont pu la faire évacuer faute d'alternative. Une fois ce drame survenu, le ministre de la Solidarité nationale, dépêché sur les lieux, n'a pu apaiser les esprits. Des exemples du genre, il en existe beaucoup à Oran, car le vieux bâti continue toujours de menacer la vie de centaines de familles. Face à cette situation alarmante, le gouvernement a décidé de mettre en place un plan d'urgence pour prendre en charge ce problème. L'expertise qui avait été menée conjointement par les services communaux de l'urbanisme, l'Office de promotion et de gestion immobilière (OPGI), le Contrôle technique des constructions (CTC) et la police de l'urbanisme et de la protection de l'environnement (PUPE) a concerné théoriquement près de 55 000 logements. A ce jour, le nombre de logements expertisés par les services susmentionnés devrait tourner autour des 30 000, nous dit-on. Ces logements sont situés dans les tissus urbains des villes d'Oran (50 000), d'Arzew (4 000) et de Mers El Kébir (400). Dans le cadre du plan de développement de la wilaya d'Oran et conformément aux engagements du président de la République, un plan d'urgence a été lancé dans le vieux quartier d'El Hamri où l'opération de réhabilitation a déjà commencé pour un montant un milliard de dinars. Faute d'avoir réussi à le classer patrimoine historique mondial ou encore national, des associations de défense du centre historique d'El Hamri, véritable mémoire de la ville d'Oran, ont réussi à décrocher une aide du programme euro-méditerranéen (Euromed) qui englobe un réseau d'une douzaine de villes européennes. Intitulé «réhabilitation du patrimoine ancien», le projet a le mérite de prendre en charge une bonne partie du bâti de Sidi El Houari en étroite collaboration avec les services d'urbanisme de la ville.