Synthèse de Chafaa Bouaiche Entamées le 21 juillet au siège de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) à Genève pour tenter de débloquer le cycle de négociations lancé à Doha en novembre 2001, les négociations ont échoué en raison notamment d'un désaccord entre les Etats-Unis et l'Inde sur les mécanismes pour protéger les marchés des pays en développement contre la hausse des importations des produits agricoles. Les discussions ont achoppé sur le mécanisme de sauvegarde spéciale permettant aux pays en développement d'augmenter leurs tarifs douaniers face à une subite et forte hausse des importations agricoles. Les Indiens voulaient un seuil de déclenchement très bas, les Américains en voulaient un beaucoup plus élevé. C'est le directeur général de l'OMC, Pascal Lamy, qui a annoncé les résultats des pourparlers lors d'une conférence de presse. «Les travaux des négociateurs à la réunion de Genève se sont achevés par un échec en raison d'une impasse, essentiellement sur l'agriculture», a déclaré M. Lamy qui a toutefois refusé de désigner les responsables de l'échec. «Je ne veux pas me livrer au jeu des accusations», a-t-il relevé. Les principaux partenaires de l'OMC ont exprimé leur grande déception à propos de la tournure des discussions. «C'est un pas en arrière pour le système du commerce international, plus grand que la perte d'opportunités commerciales», a regretté le commissaire européen au Commerce Peter Mandelson. Il s'agit, pour lui, d'un «échec collectif mais les conséquences ne seront pas égales, elles seront ressenties de manière disproportionnées par ceux qui sont les plus vulnérables dans l'économie mondiale». L'Allemagne a fait part de sa déception en estimant que ces négociations auraient pu donner à «l'économie mondiale un signal important au bon moment». Pour sa part, le ministre français de l'Agriculture, Michel Barnier, a réaffirmé hier que la France était pour un «accord équilibré» à l'OMC, en se demandant si l'OMC était la meilleure enceinte pour discuter des questions agricoles : «Est-ce que l'agriculture et l'alimentation, c'est seulement à l'OMC qu'il faut en discuter ? Est-ce qu'il n'y a pas d'autres enceintes où on peut discuter de ce lien entre agriculture et alimentation pour le développement, contre la faim et pour la reconstruction des pays agricoles les plus pauvres ?» De son côté, le ministre du Commerce chinois a exprimé sa «déception» après «l'échec tragique» des négociations de Genève. «Je me sens très déçu», a-t-il affirmé dans une déclaration dans laquelle il attribue l'échec à «l'incapacité de deux pays à surmonter leurs différences». Le groupe africain s'est affirmé hier déçu par l'échec des négociations et a appelé à leur reprise le plus rapidement possible. «C'est dommage et décevant que les négociations ne soient jamais allées au-delà du groupe des sept», a déclaré le ministre du Commerce du Lesotho. «L'un des principaux éléments de la crise alimentaire, à savoir les subventions, va continuer de nous hanter», a-t-il ajouté. Le Premier ministre japonais a jugé «extrêmement regrettable» l'échec des négociations. «Malgré plus d'une semaine de pourparlers et d'efforts par les ministres à l'OMC, ils n'ont pu parvenir à un accord sur les modalités. C'est extrêmement regrettable», a-t-il déploré. Les négociations ont échoué par «manque de volonté politique», notamment de la part des pays développés, a estimé le ministre vénézuélien de l'Industrie et du Commerce. Au sujet de la suite des événements, le DG de l'OMC a indiqué qu'elle serait décidée par les Etats membres et qu'il ne pouvait se prononcer sur le calendrier à venir.