Le Brésil compte poursuivre en justice les Etats-Unis à l'OMC pour ses importantes subventions accordées, notamment, au coton et à l'éthanol, a indiqué, hier, le ministre brésilien des Affaires étrangères Celso Amorim dans une interview au journal britannique Financial Times. Ces déclarations font suite à l'échec des discussions à l'Organisation mondiale du commerce à Genève fin juillet pour tenter de débloquer le cycle de Doha lancé en novembre 2001. Au cours de neuf jours de discussions, «notre entente avec les Etats-Unis a été bonne en permanence, et il n'y a jamais eu d'acrimonie. Mais c'est le pays qui accorde le plus de subventions au monde en ce qui nous concerne, donc nous allons devoir les poursuivre» en justice, indique M. Amorim. Le 2 juin, l'OMC avait condamné en appel les subventions américaines au coton, ouvrant la voie à une possible demande de sanctions par le Brésil qui avait évoqué en 2005 le chiffre d'un milliard de dollars de sanctions. En outre, le Brésil s'apprête à lancer une demande à l'OMC contre la taxe de 54 cents le gallon imposée par les Etats-Unis sur l'éthanol brésilien, ce que M. Amorim a qualifié de «discriminatoire». M. Amorim a indiqué par ailleurs que le Canada et le Brésil avaient préparé une action commune contre les Etats-Unis sur les subventions en général. La procédure «tournait au ralenti mais maintenant elle va être accélérée», a-t-il dit. Par ailleurs, le chef de l'Etat brésilien reste persuadé de pouvoir conclure dans quelques mois le cycle de Doha et aboutir à un accord sur la libéralisation du commerce mondial. Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva s'est lancé dans une série de consultations avec les Etats-Unis, l'Inde et la Chine dans cet objectif. «Nous allons conclure l'accord du cycle de Doha. Cela peut prendre un mois de plus, deux mois, mais nous allons y arriver», a affirmé Lula dans son programme hebdomadaire de radio diffusé hier, peu avant son départ pour Buenos Aires où il participe à un forum économique destiné à renforcer les liens entre les deux pays. Lula a entamé des consultations avec trois des principaux négociateurs de Doha : la Chine, les Etats-Unis et l'Inde. Les discussions pour tenter de débloquer le cycle des négociations lancé à Doha en novembre 2001 ont échoué fin juillet à Genève en raison notamment d'un désaccord entre les Etats-Unis et l'Inde sur les mécanismes pour protéger les marchés des pays en développement contre la hausse des importations des produits agricoles. Pour rappel, le directeur général de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), Pascal Lamy, avait invité toutes les parties à ne pas rester sur l'échec des dernières négociations sur la libéralisation du commerce. R. E.