L'affaire des présumés missiles Scud que détiendrait le Hezbollah libanais et que la Syrie est accusée de lui avoir vendus, continue d'alimenter la polémique, éclipsant ainsi le véritable problème dans le Proche-Orient : le blocage, depuis presque deux ans du processus de paix israélo-palestinien. Après la violente réaction libanaise par la voix du président du Liban Michel Sleimane et de son Premier ministre Saad Hariri, c'était au tour de la Syrie de revenir pour la énième fois sur cette affaire des missiles Scud. Le ministre syrien des Affaires étrangères Walid Mouallem a dénoncé hier les accusations de Washington, fidèle et inconditionnel allié d'Israël, évoquant une «campagne de calomnies américaine». «Le monde entier reconnaît le rôle constructif joué par la Syrie pour préserver la sécurité et la stabilité dans la région et l'opinion publique se rappelle encore la campagne de calomnies américaine lancée avant la guerre en Irak», a affirmé M. Mouallem, dans des déclarations reprises par l'agence officielle Sana. «Il semble que l'administration américaine actuelle tente de jouer le même scénario», a-t-il ajouté en réaction aux déclarations de la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton. Les Etats-Unis accusent la Syrie et l'Iran de livrer au Hezbollah des roquettes et des missiles de plus en plus sophistiqués. Le président israélien Shimon Peres a, de son côté, récemment accusé Damas de fournir au Hezbollah des missiles Scud capables d'atteindre l'ensemble du territoire d'Israël. Jeudi, M. Clinton a averti le président syrien Bachar El Assad que ses «décisions pourraient signifier la guerre ou la paix dans la région», dans un discours devant la Commission juive américaine (AJC), un groupe d'influence juif américain. M. Clinton accuse Damas de «déstabiliser» le Proche-Orient. «Ce qui déstabilise la région, c'est la fourniture par les Etats-Unis de quantités importantes d'armes sophistiquées à Israël et le fait que les Etats-Unis adhèrent aux allégations injustes du gouvernement israélien aux dépens de la Syrie», a rétorqué M. Mouallem. Cette crise survient au moment où les rapports entre Damas et Washington poursuivaient leur amélioration après plusieurs années de tensions. L. M.