Photo : Zino Zebar De notre correspondant à Annaba Mohamed Rahmani L'émotion était hier à son comble au cimetière Zaghouan à Annaba où une foule composée essentiellement de journalistes était venue rendre un dernier hommage à notre consœur Baya Gacemi qui nous a été ravie dans la force de l'âge le 25 du mois dernier. Des visages fermés et meurtris par la douleur, une douleur et une tristesse profondes et apparentes, un silence qui traverse un présent qu'on rejette et qui voyage vers ce passé récent pour se transformer en un langage que seuls ceux qui l'ont connue et appréciée peuvent tenir et comprendre. L'oraison funèbre prononcée par un confrère devant les directeurs de la publication de la Tribune et d'El Watan, le wali de Annaba, le président de l'APW ainsi que des dizaines de journalistes et les membres de la famille de la défunte a été pour tous une sorte de communion, un retour de cette femme exceptionnelle dans sa conduite exemplaire, dans ses positions courageuses envers et contre tous dans ce présent désolé qui parle d'elle au passé. Un passé que tous ici dans ce cimetière face à la mer ne veulent pas utiliser pour s'accrocher à ce cercueil qui enferme ce corps frêle d'un bout de femme algérienne jusqu'à la moelle, un bout de femme qui a milité et défendu la liberté d'expression. «Tu nous a toujours éclairés, tu étais pour nous celle qui nous rassemblait et qui nous guidait, tu étais pour nous l'exemple de courage, d'abnégation, de sacrifice et de lutte ; nous t'avons perdue aujourd'hui mais tu resteras toujours dans nos cœurs parmi nous, et tes idées, ces idées que tu as défendues, continueront à vivre ; nous poursuivrons le combat, nous te donnons notre parole.» L'assistance, qui buvait ces paroles, écoutait en silence, et chacun, le visage tourné vers le passé, revoyait ce bout de femme dans les rédactions, dans les meetings, dans les réunions, intervenir, s'opposer, argumenter, convaincre et surtout rassembler et réconcilier. Des larmes perlaient aux yeux de certains qui tentaient de les réprimer, des membres de sa famille en sanglots, inconsolables, n'arrivaient pas à admettre sa disparition. Baya nous a quittés, elle est partie, elle s'est éclipsée sans avertir, elle nous a laissés orphelins, orphelins de ses idées, de ce caractère qu'on ne trouve que chez les grandes femmes ayant marqué leur temps. Ton souvenir restera gravé dans nos mémoires et servira d'exemple à tous ceux qui continuent à exercer ce dur métier. Le métier de journaliste. Adieu BAYA !