Synthèse de Hassan Gherab «C'est peut-être la fin de l'euro.» C'est le sombre présage du prix Nobel d'économie, Joseph Stiglitz. Interrogé par la radio BBC 4, il a estimé que le plan d'aide UE-FMI à la Grèce, assorti d'un plan d'austérité dont il a critiqué la sévérité, ne ralentirait pas l'ardeur des spéculateurs à miser sur un affaiblissement de la zone euro. «Les conditions apparemment excessivement dures imposées» à la Grèce, a-t-il dit, «seront en réalité contre-productives pour prévenir une contagion». «Quand on aura vu à quel point il a été difficile à l'Europe d'adopter une position commune pour aider un des plus petits pays, on réalisera que si un pays un peu plus grand a des difficultés, il est probable que l'Europe aura encore plus de mal» à se mettre d'accord, a-t-il dit. «Donc je pense que l'espoir que (cette aide) nuira aux pressions spéculatives est probablement infondé […], tant que les problèmes institutionnels fondamentaux seront là, les spéculateurs sauront qu'ils existent, et au fur et à mesure que les faiblesses de l'Europe s'aggraveront je pense qu'ils s'en donneront à cœur joie.» Si l'Europe «ne règle pas ses problèmes institutionnels fondamentaux, l'avenir de l'euro sera peut-être très bref», a-t-il conclu. Le Portugal et l'Espagne sont deux pays généralement cités par les observateurs comme victimes potentielles au sein de la zone euro d'un effet domino de la crise de la dette de la Grèce. Et pour de nombreux analystes, il serait impossible d'élaborer un plan de sauvetage pour une économie aussi importante que celle de l'Espagne si, comme Athènes, Madrid ne pouvait plus emprunter à des taux supportables sur les marchés.Rappelons que l'agence d'évaluation financière Standard & Poor's (S&P) a abaissé, le 28 avril dernier, d'un cran la note de la dette à long terme de l'Espagne, de «AA+» à «AA». La veille, S&P avait dégradé la note du Portugal de deux crans, à «A-» contre «A+», tout en allouant une perspective négative alors que pour la Grèce elle a abaissé de trois crans la note, de «BBB+» à «BB+», la reléguant dans la catégorie des investissements spéculatifs.Soulignons que depuis le scandale de la banque d'investissement Glodman Sachs suspectée d'avoir, grâce à un hedge fund, spéculer et tirer profit des «subprimes», les agences d'évaluation sont dans la mire des autorités financières.