L'euro est une monnaie "crédible, solide et bonne", a assuré vendredi la ministre française de l'Economie, Christine Lagarde, dans une interview à la BBC où elle réitère sa confiance dans la capacité de la Grèce à réduire sa dette publique. "Je sais que certains économistes font un rêve existentiel", a déclaré Mme Lagarde, interrogée sur la menace qui pèserait sur la survie même de la devise européenne. "Ils se réjouissent de monter ce genre de scénarios lugubres... Pour ma part, je me concentre sur ce qui va permettre à la zone euro de rester unie et de soutenir ensemble l'euro car l'euro est une monnaie crédible, solide et bonne pour nous tous et que c'est pour le bien public", a ajouté la ministre. Interrogée sur les craintes que la Grèce ne puisse plus faire face à ces paiements d'ici à 18 mois, la ministre a répondu: "Ces 18 mois à propos de la Grèce, c'est n'importe quoi car le plan que nous avons mis en place pour la Grèce est un plan sur cinq ans, avec un délai de grâce de trois ans, durant lequel ils ne paient rien. Il y a par la suite 24 échéances mensuelles sur les deux années suivantes. Arrêtons donc de dire n'importe quoi avec ces 18 mois", a-t-elle tranché. Afin d'éviter la banqueroute, due surtout à sa dette colossale (à 300 milliards d'euros), la Grèce a bénéficié début mai du mécanisme UE-FMI qui prévoit des prêts de 110 milliards d'euros sur trois ans en contrepartie d'un programme strict d'austérité, accompagné de mesures drastiques pour limiter les dépenses publiques. La ministre a par ailleurs assuré qu'il n'y avait "aucune différence" entre l'Allemagne et la France sur la réduction de la dette. "Nous sommes tous les deux mus par le même objectif double: maintenir la croissance et réduire le déficit et la dette. C'est notre engagement commun", a-t-elle dit. Interrogée sur la question de savoir si Berlin en faisait assez, Mme Lagarde a estimé que l'Allemagne "fait tout ce qu'elle peut". "Nous pouvons tous en faire plus et certains peuvent en faire plus sur la réduction des déficits et de la dette, certains peuvent en faire un peu plus sur les dépenses et la consommation", a-t-elle poursuivi. L'euro rebondissait vendredi face au dollar, qui pâtissait de son statut de valeur refuge alors que Wall Street se montrait soulagée par l'accord trouvé par les élus américains sur la réforme financière, dans un marché nerveux à la veille de la réunion du G20. Vers 21H00 GMT, l'euro cotait 1,2381 dollar, contre 1,2328 jeudi soir. Il se stabilisait face à la monnaie japonaise à 110,51 yens, comme la veille. Le dollar baissait face au yen à 89,23 yens contre 89,63 yens la veille. En repli une partie de la journée, la devise européenne a suivi Wall Street, qui a remonté la pente à partir de la mi-séance avant de finir à l'équilibre. "Il semble que l'euro suive les marchés boursiers", a observé Nick Bennenbroek, de la banque Wells Fargo. "Il semble que même si les analystes continuent de décortiquer les détails du texte de réforme financière, la réaction du marché a été favorable". Les indices de la Bourse de New York ont en effet bénéficié du soutien des valeurs bancaires, après que les élus du Congrès se sont mis d'accord sur un texte commun pour la réforme du secteur financier. Selon les analystes, le marché se montre soulagé de voir disparaître l'incertitude qui minait le secteur. "Le marché est clairement nerveux, en partie à cause des indicateurs économiques assez faibles, notamment sur le marché immobilier américain, qui ont attisé la crainte d'un retour en récession, et probablement aussi à cause d'ultimes arbitrages liés à la fin du semestre", a expliqué Paul Robinson, analyste chez Barclays Capital.