Les spéculations vont bon train sur l'avenir de l'euro. L'Europe veut éviter à tout prix l'effet domino déclenché par les spéculateurs sur la dette grecque. Réunis à Bruxelles, les chefs d'Etat et de gouvernement des 16 pays du Vieux continent, membres de cette zone, ont décidé de doter leur espace, qui « traverse la crise la plus grave depuis sa création », d'un véritable gouvernement économique. Pour assurer la stabilité et l'unité, ils décrètent la « mobilisation générale » et jurent de défendre l'euro devant les spéculateurs qui ont mis dans leur collimateur le plan de sauvetage financier de 110 milliards d'euros à la Grèce avant de s'attaquer à l'Espagne, au Portugal, à l'Italie, au reste du continent et aux Bourses américaines et asiatiques. Les « 16 » se sont mis d'accord, selon la déclaration publiée à l'issue de leur sommet de crise dans la capitale belge, sur la création avant demain d'un « mécanisme de stabilisation » pour aider ceux d'entre eux qui seraient confrontés à des difficultés financières. Ils sont prêts à aussi « accélérer » la réduction des déficits, renforcer le pacte de stabilité et prendre des sanctions plus efficaces contre les mauvais élèves. «Lundi à l'ouverture des marchés, l'Europe sera prête à défendre l'euro», affirme Nicolas Sarkozy. Une accélération de la réglementation bancaire et une « moralisation » des agences de notation, sous la conduite d'Herman Van Rompuy, le président du Conseil européen, sont au programme. « Nous ferons tout ce qu'il faut pour défendre l'euro », déclare le président de la Commission, José Manuel Barroso. Comment ? Avec quels moyens ? Barroso ne l'explique pas. Tout comme il ne souffle mot sur les sanctions contre des pays comme la Grèce, voire à leur possible sortie de l'euro, suggérées par l'Allemagne, l'Autriche, les Pays-Bas, la Slovaquie... En attendant la réunion de cet après-midi des ministres des Finances de l'Union européenne pour finaliser le fonctionnement et le financement du «mécanisme de stabilisation », les spéculations vont bon train sur l'avenir de l'euro. Deux prix Nobel d'économie ont des avis divergents. Edmund Phelps, prix Nobel en 2006, juge la situation de l'économie européenne de « négative » mais « pas catastrophique ». « Pour moi, l'euro va survivre », explique-t-il n'excluant pas une poursuite de l'union monétaire sans la Grèce. Joseph Stiglitz, Nobel d'économie en 2001, prend le contrepied de cette analyste. « Si l'Europe ne règle pas ses problèmes institutionnels fondamentaux, l'avenir de l'euro sera peut-être très bref », dit-il.