De notre correspondant à Oran Samir Ould Ali Les récentes déclarations du président du Forum des chefs d'entreprise (FCE), Reda Hamiani, à propos des enchères publiques du foncier industriel ont dû être applaudies par de nombreux «petits» investisseurs et porteurs de projets en quête de terrains. S'exprimant à la télévision nationale, M. Hamiani avait vertement critiqué le système des enchères publiques pour l'attribution des terrains à usage industriel, affirmant qu'il «profite aux puissances de l'argent» même si celles-ci ne sont pas forcément porteuses du meilleur projet en termes de création d'emplois et de richesses. «Rien n'est plus vrai, a réagi un investisseur oranais déçu. Les terrains sont tellement chers qu'il est impossible de rêver en posséder un, quelles que soient ses dimensions. Il est donc naturel qu'en l'état actuel des choses, seuls les magnats ont les moyens de les acquérir.» Les principaux projets privés, réalisés ou en chantier à Oran, sont en effet révélateurs de l'identité des investisseurs : Djilali Mehri a restauré l'hôtel Royal, lancé la construction de l'hôtel Ibis sur la frange maritime Est et pourrait très bien hériter du village Madagh, mégaprojet touristique très cher à la direction du tourisme ; Cherif Othmane, propriétaire de la chaîne hôtelière Eden et promoteur d'un certain nombre de projets dont les Résidence Zabana et Eden… «Avec quelques autres magnats, ce sont les seuls qui disposent d'un pouvoir financier et politique suffisant pour espérer acheter n'importe quel espace foncier. Ce qui est beaucoup plus dé plorable, c'est que les dirigeants d'Oran comptent beaucoup plus sur l'influence de l'investisseur que sur son savoir-faire et la valeur du projet», indique un observateur d'Oran. Cette propension à accorder plus de crédit aux plus nantis, combinée aux lenteurs administratives et souvent spéculatives, a poussé de nombreux investisseurs potentiels à annuler leurs projets. «Au-delà des chiffres que l'ANDI peut livrer de temps à autre, ce sont des milliers de projets d'investissement locaux qui sont remisés dans les tiroirs, dont un certain nombre pour des raisons liées à l'indisponibilité des assiettes foncières», affirme notre investisseur en soulignant que le terme indisponibilité fait référence aux terrains accessibles aux investisseurs aux ressources financières limitées. Pour autant, selon les chiffres officiels, Oran se classe en deuxième position en termes de PME/PMI, avec près de 16 500 unités privées. Une hausse que la direction de la PME/PMI d'Oran explique notamment par l'assouplissement des mesures fiscales, l'accélération d'octroi de crédits bancaires, les campagnes de sensibilisation et… les facilités d'obtention du foncier. «C'est très bien pour les jeunes investisseurs mais je ne suis pas sûr que ces chiffres reflètent la réalité. Je sais que, comme moi, beaucoup ont vu leurs dossiers rejetés et se sentent exclus. Les autorités devraient revoir leurs mécanismes et ouvrir les portes aux porteurs de projets intéressants même si leur portefeuille n'est pas garni», dira un jeune investisseur déçu. Le manque d'argent n'interdit en effet ni l'ambition ni les idées.