Le prix de la viande rouge en Algérie est l'un des plus élevés au monde. Les raisons en sont nombreuses. Les plus évidentes sont, selon El Bouyahiaoui Rachid, attaché de recherche de l'Institut national de la recherche agricole (INRAA), la multiplicité des intervenants dans le circuit de la commercialisation et la prédominance du marché informel. Lors d'une conférence donnée hier sur le thème «éléments de situation de la filière viande rouge en Algérie», en marge du salon Sipsa 2010 qui se tient à la Safex, il a expliqué que la multiplicité des intermédiaires rend complexe et plus long le circuit de commercialisation de la viande rouge. Il existe «un très grand éloignement entre les zones de production et les grands centres de consommation». Selon lui, le circuit de la commercialisation repose sur trois schémas. Le premier, le plus court, c'est quand le producteur vend directement au consommateur : c'est généralement le cas dans les villes de la steppe. Pour le deuxième, qualifié de traditionnel, il n'existe qu'un seul intermédiaire, à savoir le maquignon, entre le producteur et le consommateur. Le troisième est le plus long, car, outre le maquignon, intervient aussi le chevillard qui achète en grande quantité les carcasses de moutons ou de veaux et les revend aux détaillants. La spéculation est aussi à l'origine de la hausse des prix. Pour preuve, «l'offre existe (22 millions d'ovins et près de 2 millions de bovins) mais elle ne se traduit pas au niveau des prix au détail. Pis, en dix ans le prix au kilogramme a presque doublé». D'après l'observatoire des viandes rouges, l'antenais qui valait 12 000 DA en janvier 2007 s'est vendu à Djelfa à la fin 2008 au prix de 18 000 DA. Au marché à bestiaux d'Ouled Fayet, le mouton était proposé à la même période entre 27 000 DA et 35 000 DA. Par ailleurs, «les statistiques avancent la disposition de 18 kg par habitant et par an». Mais combien sont-ils à consommer réellement une telle quantité annuellement compte tenu du faible pouvoir d'achat des ménages. Ces derniers se rabattant souvent sur la viande rouge congelée d'importation. A se sujet, El Bouyahioui a signalé que l'Algérie est le troisième importateur arabe de viande rouge après l'Égypte et l'Arabie saoudite. Les importations ont atteint 172,21 millions de dollars en 2009, en hausse de 0,71%, selon le Centre national de l'informatique et des statistiques (CNIS). Le chercheur a conclu son intervention sur les voies et moyens à mettre en place pour réguler le marché de la viande rouge non sans rappeler au passage les efforts considérables déployés par les pouvoirs publics dans ce but, citant la création d'un office qui prendra en charge la gestion des activités de la filière des viandes rouges. Des efforts qui, selon lui, doivent accomplis par les chercheurs et universitaires pour compléter et appuyer efficacement ce projet devant l'absence d'organisations professionnelles. Z. A.