Photo DR Le film "Hors-la-loi" du réalisateur Rachid Bouchareb a été projeté en avant première vendredi à la salle El Mouggar à Alger. "Hors-la-loi", qui représente l'Algérie à la 63ème édition du Festival international du cinéma de Cannes, sera projeté vendredi après-midi en compétition officielle. Ce long métrage de 2h18 mn évoque le résistance algérienne au colonialisme français menée par le Front de libération nationale (FLN) en France et son développement jusqu'à l'indépendance. Le film raconte l'histoire d'une famille algérienne, d'abord dépouillée de sa terre dans la région des Hauts plateaux, puis victime des massacres du 8 mai 1945. Trois frères survivants de ces massacres, Sami Bouadjila, dans le rôle d'Abdelkader, Djamel Debbouz (Said), Roshdy Zem (Messaoud) viennent s'installer avec leur mère, Chafia Boudraâ, à Nanterre en France. Ce sont les deux frères Abdelkader et Messaoud qui initieront le mouvement de résistance au sein de la communauté algérienne en France. Depuis l'annonce de la sélection de "Hors-la-loi", des groupes nostalgiques du passé colonial, relayés par deux élus UMP, reprochent à son auteur le contenu "anti-français", selon eux, du film, exigeant son retrait de la compétition et menaçant de perturber la projection du film ce vendredi. Face à cette campagne de dénigrement, des voix d'historiens, de créateurs, d'artistes et de nombreuses personnalités, ont dénoncé "cette guerre des mémoires" et les risques d'atteinte à la liberté d'expression et de création d'un cinéaste. Ces voix ont dénoncé des manúuvres qui tendent à passer sous silence des faits historiques, la tentative de censure du film, les entraves à la liberté de création et les pressions exercées sur certains producteurs pour retirer leur participation au financement du film. Le réalisateur a appelé ses détracteurs à "exprimer leur désaccord dans un cadre pacifique et dans la sérénité du débat d'idées". Le cinéaste a souligné la nécessité que le cinéma puisse "aborder tous les sujets". "Je le fais en cinéaste, avec ma sensibilité, sans obliger quiconque à la partager. Après les projections, il sera temps que le débat public se déroule", a-t-il dit. APS