De notre correspondant à Constantine A. Lemili La direction du Mouloudia olympique de Constantine -la Tribune s'en est régulièrement fait l'écho- est prête pour l'expérience professionnelle. Dans un entretien qu'il nous avait accordé, il y a une semaine, Kamel Madani, vice-président, était catégorique et nous en fournissait la preuve, avec force détails sur toutes les démarches effectuées pour finaliser le dossier, des approches des potentiels et importants futurs actionnaires au dépôt du dossier pour établissement du registre de la SPA en passant par l'authenticité de tous les documents auprès du notaire. Rien ne donnait l'impression effectivement qu'il puisse y avoir une quelconque opposition à l'ordre de marche imprimé par les Madani, sauf qu'il existe toujours un grain de sable quelque part. A tort ou à raison, pourtant, la démarche engagée par Mohamed Lamine Boudemagh, membre de l'assemblée générale, est loin d'être incohérente. Sur le nouveau statut de club professionnel, notre interlocuteur nous dira : «C'est le plus grand mal qui puisse être souhaité au MOC, néanmoins passer professionnel alors que le club traîne plus de sept milliards de créances est à notre sens antinomique. Il est clair que tous les regards sont braqués sur la dotation de 10 milliards des pouvoirs publics, mais tout le monde semble oublier que plus des deux tiers de ce pactole risquent d'être absorbés automatiquement par des créanciers en attente de rentrer dans leurs fonds, d'autant plus que les arrêts des tribunaux leur en donnent toute la latitude.» Notre interlocuteur n'a sans doute pas tort sachant que, dans une correspondance adressée aux clubs de division une et deux, datée du 13 mai et référencée 195/SG/LNF/2010 ayant pour objet «note méthodologique pour la mise en œuvre du professionnalisme», il est clairement précisé dans le paragraphe «b» de la «deuxième étape» que «les clubs n'ayant pas apuré les dettes vis-à-vis de leurs créanciers, particulièrement envers leurs joueurs et entraîneurs, ne seront pas éligibles [au professionnalisme, NDLR]». Or, et même si tous les clubs candidats sont dans la même situation, autrement dit traînant un énorme contentieux avec des fournisseurs, le MOC ne déroge pas à la règle sauf que, s'agissant de créances de joueurs, les impayés dus aux joueurs et entraîneurs par le club représenteraient au minimum un sixième de la dette globale. La LNF n'ignore rien des bisbilles du club avec au moins une demi-douzaine de joueurs (Kaid Kasba, Kouachi, Bouakak…) dont elle a d'ailleurs traité les dossiers qu'elle a acheminés vers la chambre nationale d'arbitrage, laquelle, entre-temps, s'est prononcée pour certains d'entre eux en faveur des joueurs. Ce qui entre dans la logique sachant la propension des employeurs des différents clubs à très peu accorder d'importance à la morale, pour ne pas dire à la malhonnêteté de certains. Partant de ce constat, Mohamed Lamine Boudemagh affirme, un peu comme tout le monde, que «le passage au professionnalisme, tel qu'il est présenté actuellement et surtout compte tenu de la réalité, ne se fera pas sans douleur si tant est qu'il se fait. Dans l'immédiat, l'euphorie du Mondial et surtout la présence de notre EN semble anesthésier les réactions légitimes à l'endroit d'une véritable aventure dans laquelle s'engagent les instances sportives nationales qui, comble du paradoxe, n'ignorent pourtant rien de la situation. Les clubs les plus acharnés à aller vers le professionnalisme sont ceux qui sont menacés de relégation ou déjà relégués, sinon ceux qui sont laminés par des problèmes internes et dont les dirigeants pensent plus à sauver leur peau qu'à préparer l'avenir de l'association. La Coupe du monde ne va pas durer une éternité et la scène sportive va revivre les mêmes travers d'été que ceux vécus au cours des saisons passées depuis une dizaine d'années notamment». En fait, ce que soutient à haute voix le membre de l'AG du MOC est un peu ce qui est murmuré par l'ensemble de ses collègues de l'assemblée, sauf que, dans leur majorité, ils semblent estimer que le football a, en fait, vécu et qu'il n'y a plus de raison de jouer les Don Quichotte devant une machine qui avance inexorablement même si elle va droit au mur.