Les deux aliments à la base de la nourriture des Algériens, le pain et le lait, représentent, à eux seuls, la double face de la production algérienne. D'un côté, les céréales enregistrent, cette année, un record de production, faisant même miroiter à certains la possible autosuffisance alimentaire, et, de l'autre, le lait et les produits laitiers qui continuent à peser lourdement sur la facture d'importation des produits alimentaires. Le Centre national de l'informatique et des statistiques des Douanes (CNIS) annonce que cette dernière a baissé de près de 11% en avril. L'une des chutes les plus spectaculaires est constatée au niveau de l'importation des céréales, semoule et farine, soit 34,15%. Il faut dire que la moisson de l'année 2009, 65 millions de quintaux, en a surpris plus d'un. D'ailleurs, une enveloppe de 33 milliards de dinars a été dégagée pour accroître les capacités de stockage. La mise en place par l'Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) d'une politique volontaire, avec des avantages appréciables présentés aux céréaliculteurs, a eu une incidence des plus rapides sur la production. Même si les répercussions de cette aubaine ne se sont pas encore totalement reflétées sur le marché -la Fédération nationale des boulangers demande même la majoration de 1 DA du prix de la baguette de pain-, il reste que l'opération «céréales 2009» est à inscrire au registre des «belles réussites». A contrario, l'Office national interprofessionnel du lait (ONIL), depuis sa création pour réguler le marché des produits lactés, n'a pas eu le même succès. Malgré les capacités de production estimées à 2 milliards de litres de lait cru par an pour un cheptel de 900 000 vaches laitières, l'office n'a pas réussi à atteindre les objectifs tracés de collecte, soit 500 millions de litres (le quart des capacités). Il n'a pu réceptionner que 380 millions de litres, ce qui a influé, entre autres, négativement sur la facture d'importation de cet aliment de base. Le Comité interprofessionnel du lait (CIL), dans des critiques à peine voilées, dénonce la mauvaise gestion par l'ONIL de la distribution de la poudre subventionnée qui entre dans la composition du lait en sachet. Ainsi, dans un climat délétère et suspicieux, l'Algérie continue à importer massivement cette poudre. Une augmentation de 10,8% a été constatée par le CNIS pour le mois d'avril dernier. Pourquoi donc ce décalage entre les réalisations de l'OAIC et de l'ONIL ? Pourtant les deux aliments pris en charge par ces offices ont des potentialités aussi importantes. L'un comme l'autre pourraient relever de manière significative le niveau de production, et cela ne doit certainement pas avoir la «météo» comme seul facteur déterminant. N'y aurait-il pas de facteurs exogènes aux opérations de production derrière tout cela ? Pour l'heure, il est facile de dire que l'Algérien de «base» pourra dorénavant savourer tranquillement son couscous ou se repaître de pain. L'accompagner de petit-lait sera, par contre, un peu plus compliqué. S. A.