La prise en charge des personnes atteintes d'hémophilie fait défaut en Algérie. Aussi, l'indisponibilité des traitements dans les hôpitaux et l'absence des unités spécialisées restent un problème crucial pour ces malades. D'où la réaction de l'Association algérienne des hémophiles (AAH) qui, pour la énième fois, a tiré la sonnette d'alarme hier lors d'un point de presse à Alger. Actuellement, le nombre d'hémophiles en Algérie s'élève, selon l'association, à 1 500 malades, dont 700 cas sévères. La plupart sont des handicapés moteurs ou des porteurs de virus dangereux (hépatites C et B). C'est un véritable problème de santé publique, affirmeront les représentants de l'association. Le président de l'AAH, Nourdinne Benikhelf, ira plus loin et donnera des détails pour illustrer l'absence des pouvoirs publics dans la prise en charge de cette pathologie compliquée. Le traitement substitutif (facteurs VII et XI) est absent, note-t-il, des pharmacies hospitalières depuis le mois d'avril. La plupart des malades ne sortent pas de la maison, ajoute-t-il, pour éviter les hémorragies, hémarthrose, hématomes et, avec la période des examens, les élèves malades ne peuvent suivre leur scolarité. «Aucun antalgique ne peut arrêter la douleur des hémarthroses [hémorragie à l'intérieur des articulations] souvent répétées chez les hémophiles sévères et, si le malade n'est pas traité dans les 20 min qui suivent, l'articulation deviendra très faible, voire inutilisable [handicap]. Une simple hémorragie modérée peut toucher le pronostic vital du malade [forme sévère]», a fait savoir M. Benikhelf. Il a, par la même occasion, souligné l'absence de traitement et de prise en charge en disant que l'Algérie ne possède que des points d'accueil qui ne répondent pas aux réels besoins des malades. «L'Algérie ne possède pas d'unités spécialisées pour fabriquer les facteurs de coagulation localement à partir de plasma humain», dira-t-il. Aussi, le président de l'AAH a-t-il émis le souhait que l'Etat réponde, dans l'immédiat, aux besoins de cette frange de la population. Il s'agit, dira-t-il, de l'approvisionnement, dès aujourd'hui, en quantités suffisantes, en médicaments (facteurs VIII et XI) des différents points d'accueil qui existent. Il a été également question de la réalisation d'un centre national de référence d'une autonomie administrative et financière regroupant un hôpital de jour, une salle de soins, de rééducation, un laboratoire d'analyses médicales, une salle de radiologie et un cabinet de chirurgie dentaire. M. Benikhelf a en outre revendiqué l'indemnisation des malades contaminés par les dérivés sanguins dans les hôpitaux, dont le nombre avoisine les 300 malades (hépatite). Enfin, il a préconisé la nécessité d'établir un plan national de prise en charge de cette pathologie qui est une maladie de coagulation sanguine, la plus répandue dans le monde, et touche essentiellement les garçons. C'est une maladie génétique chronique et invalidante en plus d'être inguérissable et très dangereuse. Elle se manifeste par des hémorragies suite à un traumatisme même insignifiant. Son seul remède, c'est la surveillance des hémorragies afin de les contenir avant qu'elles ne provoquent des complications. N. B.