Un kamikaze à bord d'un véhicule léger s'est fait exploser hier matin à l'aube devant le siège de la 1re Sûreté urbaine de la ville de Tizi Ouzou (qui abrite les services des renseignements généraux) faisant 25 blessés, dont un policier jugé dans un état grave, et d'importants dégâts matériels sur plusieurs centaines de mètres à la ronde. Le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, M. Noureddine Yazid Zerhouni, et le directeur de la Sûreté nationale, M. Ali Tounsi, étaient sur les lieux de l'attentat kamikaze vers 9 heures et ont rendu visite par la suite aux blessés hospitalisés au CHU Nedir Mohamed de Tizi Ouzou avant de tenir une conférence de presse au siège de la wilaya. «Cet attentat est un acte de vengeance de la part des terroristes après que les services de sécurité eurent abattu il y a trois jours l'«émir» Sghrir Mourad à Benchoud, dans la wilaya de Boumerdès, lors d'une embuscade tendue par les forces de sécurité», a déclaré le ministre de l'Intérieur, ajoutant que l'attentat ne constitue pas en lui-même «une défaillance de sécurité.» «Ces attentats ont visé plusieurs autres brigades à l'échelle nationale et même le palais du gouvernement. Il s'agit d'une lutte, il faut qu'on tienne le coup. Ils nous ciblent, nous les ciblons». Commentant les circonstances de ce premier attentat kamikaze que connaît la wilaya de Tizi Ouzou, il indiquera que, «heureusement que cet attentat est venu après que les résidents du célibatorium (de la police, ndlr) eurent été déménagés le week-end dernier» dans le cadre de la réception par le DGSN la semaine dernière de deux sûretés, l'une à Freha et l'autre à Ouaguenoune. Abordant la situation sécuritaire qui prévaut dans la région de Kabylie, M. Zerhouni dira que «la sécurité dans la wilaya de Tizi Ouzou a été renforcée ces dernières années et elle le sera totalement avant la fin de l'année 2009», tout en soulignant les réflexes de vigilance qui doivent guider la population pour se prémunir de ce genre de crime. Au vœu des résidents qui demandaient la délocalisation du siège des RG accolé à une cité populaire, la brève réponse du premier policier d'Algérie a été la suivante : «Ce n'est pas une solution.» Hier, jusqu'en début d'après-midi, les traces de l'attentat étaient encore visibles dans les rues avoisinant le siège de la Sûreté dont le toit et les murs d'enceinte ont été partiellement soufflés par la très forte déflagration (700 à 1 000 kg de TNT ,selon diverses sources) entendue à des kilomètres à la ronde. Le bâtiment de la cité Eucalyptus qui jouxte le siège des RG a subi lui aussi des dégâts très importants nécessitant l'évacuation immédiate de ses locataires. C'est d'ailleurs dans cet immeuble que l'on a enregistré le plus de victimes civiles. Un premier bilan fait état de 21 civils blessés alors que dans le rang des policiers, trois des quatre blessés hospitalisés ont quitté le CHU Nedir Mohamed après des soins au pavillon des urgences, et le quatrième devait subir une opération chirurgicale, selon les déclarations du ministre de l'Intérieur. D'autre part, 14 familles de la cité Eucalyptus seront concernées par une opération de relogement, a promis M. Zerhouni. A la périphérie de l'attentat où se mêlent lambeaux de chair du kamikaze (qui n'a pas encore été identifié) et bouts d'acier du Renault trafic utilisé dans l'attentat, on pouvait aussi observer un pan du mur d'enceinte du secteur militaire opérationnel qui a cédé, et un cratère de près de deux mètres devant la loge de la sentinelle des RG témoignait encore de la forte explosion qui a arraché du lit tout Tizi Ouzou dès 5 heures du matin. Plusieurs dizaines de véhicules ont été sérieusement endommagés. Des commerçants forcés au repos et dont les locaux étaient situés à quelques centaines de mètres s'affairaient à dégager au forceps une ouverture dans le tas de tôle que sont devenus leurs rideaux de fer, et les plus chanceux parmi eux s'occupaient tout de même à nettoyer leur devanture et l'intérieur de leur commerce des débris émanant des fissures des murs et autres restes d'origines diverses déposés par le souffle. A l'endroit où l'explosion a eu lieu, la police scientifique relevait les indices sous un dispositif renforcé des services de sécurité qui ont bouclé tout le périmètre. La circulation automobile a été déviée devant plusieurs accès qui donnent sur le centre-ville de Tizi Ouzou, et les bouchons étaient le lot de tous les automobilistes qui avaient eu la mauvaise idée de traverser hier matin la ville de Tizi Ouzou.Par ailleurs, les bureaux régionaux des partis politiques, le FLN et le RCD, ainsi que l'APW de Tizi Ouzou ont unanimement condamné l'attentat suicide.