C'est à croire que le phénomène du terrorisme est devenu une réalité palpable qui se sent et qu'on voit venir un peu comme la météo. En tout cas, à Tizi Ouzou, ces derniers temps, il régnait un calme à la fois précaire, mais surtout inquiétant ; un calme qui faisait peur et que les citoyens, tout comme les services de sécurité, redoutaient de jour en jour, car la tempête est souvent imprévisible. Le terrorisme frappe fort et au moment où on ne l'attend pas ! C'est courant ! Pour preuve, le tout Tizi dormait encore paisiblement. Les premières lueurs de l'aube commençaient à pointer à peine et la prière du fedjr était à peine accomplie que toute la ville fut secouée par une forte explosion. Ce qui devait être un “matin-bonheur”, en cette période de vacances et de fêtes, fut vite transformé en cauchemar et en détresse. Croyant d'abord à un tremblement de terre, comme en mai 2003, la population de Tizi est sortie dans la rue ! Les femmes et les enfants en pleurs étaient pétrifiés et inconsolables. Les premières sirènes de la police et de la Protection civile accentuent la tension et l'on finira par savoir que c'est l'ex-commissariat central de Tizi Ouzou qui avait été ciblé par un attentat kamikaze. Circulant à bord d'un fourgon Trafic, le kamikaze s'est soudainement immobilisé devant le portail de l'ex-commissariat qui abrite depuis quelques années la Direction régionale des renseignements généraux (RG) de la police. Sur place, le kamikaze fait exploser son véhicule bourré d'explosifs, créant ainsi une détonation lourde et puissante, entendue et enregistrée à une vingtaine de kilomètres à la ronde. Le terroriste est inévitablement déchiqueté, son corps éparpillé pratiquement en lambeaux sur les façades et les clôtures environnantes. Vingt-cinq blessés sont recensés : quatre policiers de service, trois militaires de faction dans une caserne militaire toute proche et dix-huit civils, pour la plupart des riverains ou quelques citoyens de passage. Aux dernières nouvelles, un véritable carnage a été évité de justesse dans la mesure où un dortoir réservé aux policiers avait été transféré la veille vers un nouvel immeuble inauguré tout récemment comme célibatorium à proximité du siège de la sûreté de wilaya. Apparemment, c'était bien ce dortoir qui était ciblé par les terroristes, mais leur plan avait échoué. Et si le bilan humain n'est pas aussi dramatique, par contre les dégâts matériels sont considérables. La cité Eucalyptus, mitoyenne au commissariat, a été littéralement soufflée par l'explosion. La permanence de la CADC aussi. Les banques et les lieux de commerce avoisinants ont baissé rideau après avoir dégagé tous les débris de glace et de tôle littéralement broyés par cette explosion d'une rare intensité. Même certains magasins de l'ex-rue de La Paix ont été touchés alors que la Maison de la culture et surtout sa salle de spectacles, située pourtant à plus de 300 mètres du lieu de l'attentat, ont vu leurs vitres brisées. Dans un immeuble voisin où de nombreux appartements ont été sérieusement endommagés, l'heure était à la désolation et à la consternation. Une famille fut touchée dans sa chair et son intimité, elle qui préparait le mariage de sa fille, ne savait plus à quel saint se vouer. M. Hocine