On apprend peu dans la victoire, mais beaucoup dans la défaite. Ce proverbe japonais illustre parfaitement la situation que vit désormais notre sélection nationale. Au-delà de ce scepticisme né après les deux débâcles successives face aux Irlandais et aux Serbes, des enseignements positifs peuvent être tirés par les observateurs du football. Certes, personne ne peut nier qu'à l'heure actuelle, l'Algérie est réellement loin du niveau mondial. Les Verts n'ont pas démontré grand-chose dans leurs deux derniers matches amicaux. Pis, des lacunes dans tous les secteurs ont surgi de manière dramatique. A ce rythme, une réelle catastrophe se profile à l'horizon si Rabah Saadane ne procède pas à de sérieux remaniements techniques et tactiques. Mais dans ce naufrage que certains pronostiquent en grande pompe, il est quand même important de souligner que l'avenir peut s'annoncer radieux si les nouveaux talents de la sélection nationale sont exploités à leur juste valeur. En effet, les Kadir, Mesbah, Boudebouz et Guedioura ont prouvé face à l'Irlande que leurs qualités sont à même de remettre les Verts sur les rails. Certes, ces joueurs ont connu des débuts tâtonnants avec une terrible défaite pour leur première sélection, mais toujours est-il que leur prestation n'a guère été ridicule. Force est également de constater que ces nouveaux sélectionnés ont même épaté dans leur secteur de jeu même si l'équipe, globalement, s'est effritée pendant le match de Dublin. Mesbah, à titre d'exemple, a bien su animer le couloir gauche, assurant la parfaite doublure de Belhadj. Mieux, il s'est illustré par sa vitesse de percussion puisqu'il a essayé à maintes reprises de déborder sur son côté gauche. Cela dit, son manque d'expérience lui a coûté vraiment cher lors de ce tacle dangereux exécuté dans les dix dernières minutes contre Robbie Keane offrant un penalty aux Irlandais. Cependant, globalement, avec Mesbah, l'Algérie a gagné un excellent latéral gauche qui libérera Belhadj, lui permettant de jouer son rôle de milieu offensif. Il reste seulement à consacrer davantage de temps de jeu à ce joueur pour qu'il puisse s'épanouir réellement. Pour cela, le Mondial ne saurait être qu'une belle opportunité pour le sociétaire de Lecce. Pour sa part, Guedioura n'a pas manqué de frapper les esprits. Même s'il n'a pas évolué à son poste habituel, milieu récupérateur, il a joué à fond son premier match en se confrontant au meilleur joueur irlandais sur le flanc droit et l'un des meilleurs en Europe, Damien Duff. En latéral droit, un placement qui a étonné plus d'un d'ailleurs, Guedioura n'a pas démontré tout son potentiel. Mais dès qu'il est revenu dans son secteur de jeu favori, sa prestation s'est largement hissée au haut niveau. Solide physiquement, développant une très bonne lecture de jeu, excellent dans les dégagements et les relances, il est aussi une bonne clé pour la future restructuration de l'équipe nationale en vue de sa préparation pour les futures échéances footballistiques. Mais celui qui a fait le plus de sensation est à coup sûr Ryad Boudebouz. Le jeune joueur de Sochaux, n'effectuant son entrée que dans le dernier quart d'heure, a tout de même brillé par ses beaux gestes techniques ; sa maîtrise rassurante du ballon et son potentiel offensif ont réellement impressionné supporters et observateurs. Ce joueur, qui a tout son avenir devant lui, mérite néanmoins un meilleur encadrement pour évoluer, progresser, affûter sa technique. Il en est de même pour Kadir, l'autre nouvelle perle des Verts, qui, par son entrée tardive aussi, a redonné un souffle offensif aux Verts malmenés par l'Eire. A ce sujet, plusieurs observateurs n'ont pas compris pourquoi Kadir, comme Boudebouz, n'a pas été aligné plutôt en attaque, Saadane ayant préféré mettre le vieux Saïfi en pointe. On le voit bien, ces nouveaux talents ont besoin d'un management plus conséquent que celui du «Cheikh» Saadane. C'est là aussi l'une des leçons importantes à tirer de ce match amical. L'épanouissement de ces nouveaux joueurs est donc conditionné par l'arrivée d'un coach plus sérieux dans son travail et plus cohérent dans sa vision de jeu. Comme quoi, une équipe qui regorge de talents n'ira jamais loin sans un bon coach qui saura comment diriger le navire. Et pour le moment, à une dizaine de jours du Mondial sud-africain, on ne sait toujours pas quel sera le visage sous lequel se présenteront les Fennecs. A. S.